Dans ce pays africain, il est désormais interdit aux étrangers de posséder certaines entreprises.
Face à la concurrence « déloyale » des investisseurs chinois, le pays a pris une mesure drastique. De nombreuses professions ne sont plus accessibles aux ressortissants étrangers. Ce qui suscite de vives critiques de la part du Kenya voisin.
La Tanzanie a interdit aux ressortissants étrangers de posséder et d’exploiter certaines entreprises, principalement des petites, lundi 28 juillet. L’objectif ? Privilégier les travailleurs locaux et encourager les étrangers à investir dans de plus grandes sociétés. Quinze secteurs sont concernés comme les salons de beauté, les transferts d’argent par mobile, l’exploitation minière artisanale, la revente de produits issus de l’agriculture locale, les boutiques de souvenirs…
Parmi les 68,5 millions d’habitants du pays est africain, la nouvelle a été largement saluée. « Elle protège les moyens de subsistance des commerçants tanzaniens », s’est réjouie dans le journal Citizen Severine Mushi, présidente de l’association des commerçants du quartier de Kariakoo dans la ville de Dar es Salaam (côte est).
L’année dernière, ses membres avaient manifesté contre la concurrence jugée « déloyale et agressive » des hommes d’affaires chinois, jusque dans le petit commerce. Selon l’Université australienne de Griffith, la Tanzanie aurait reçu, en six mois, 3,5 milliards de dollars d’investissements de la Chine dans le cadre du développement des « Nouvelles routes de la soie » sur le continent. Et de nombreux secteurs y passent : « énergie, exploitation minière, fabrication de haute technologie », ainsi que l’agriculture, la pêche et la culture des algues…
Des menaces de représailles
Les pays voisins ne sont pas épargnés par cette mesure. Le Kenya, dont au moins 250 000 habitants travaillent ou font des affaires en Tanzanie selon son ministre des Affaires étrangères Musalia Mudavadi, n’est pas ravi.
Ce dernier a appelé au respect des accords bilatéraux et des principes de la Communauté d’Afrique de l’Est, qui garantissent la libre circulation des personnes et le commerce entre les huit États membres (Burundi, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Somalie et Soudan du Sud). Malgré ces accords, des tensions diplomatiques et commerciales existent depuis de nombreuses années entre les deux pays.
Dans le Daily Nation, Bernard Shinali, président de la commission du commerce de l’Assemblée nationale, a aussi menacé de représailles : « Il y a beaucoup de Tanzaniens qui travaillent sur nos sites miniers ». Des interdictions d’importation de la part de la Tanzanie avaient déjà suscité des tensions entre les deux pays en 2021.