Le plus ambitieux projet d’infrastructure énergétique jamais envisagé au Congo-Brazzaville, d’un montant de 1300 milliards, vient d’être brutalement mis en suspens.
En effet, la construction du barrage hydroélectrique de Sounda, dans le sud du pays, initialement prévue pour janvier 2025, est désormais reportée sine die, plongeant la nation dans l’incertitude face à une crise énergétique qui ne cesse de s’amplifier.
C’est lors d’un point presse tenu ce 14 avril 2025 que Thierry Moungalla, ministre en charge de la Communication et porte-parole du gouvernement, a officialisé cette information tout en restant d’un optimisme mesuré.
« Je crois que ces travaux ne manqueront pas de débuter dans les tous prochains temps. La science gouvernementale n’est pas une science exacte », a-t-il déclaré avec une prudence qui en dit long sur les défis rencontrés.
Ce projet titanesque, évalué à 1,98 milliard d’euros, soit 1300 milliards de FCFA, devait doter le pays d’une capacité de production supplémentaire de 600 MW, presque doublant ainsi la production nationale actuelle estimée à 720 MW.
C’est une ambition louable si l’on prend en compte que le réseau existant est vétuste et mal entretenu. Pire encore, il laisse échapper une part significative de l’électricité produite avant même qu’elle n’atteigne les foyers congolais.
Entre-temps, la situation quotidienne se dégrade dans les centres urbains de Brazzaville et Pointe-Noire, où les délestages sont devenus une routine douloureusement banale.
Le ministre Moungalla n’a pu que reconnaître l’évidence : « Les désagréments subis par toute notre population en zone urbaine montrent et prouvent la nécessité de réformer la gestion du secteur ».
Le gouvernement maintient un silence presque complet sur les raisons précises de ce report. Difficultés de financement, complications techniques, obstacles administratifs ou désaccords avec les partenaires ?
L’absence d’explications claires alimente toutes les hypothèses, y compris les plus pessimistes sur la capacité du pays à mener à bien des projets structurants de cette envergure.
Pour les analystes du secteur, ce contretemps révèle les faiblesses chroniques dans la gouvernance des grands projets d’infrastructure au Congo.
Au-delà du simple retard, c’est tout le modèle de développement énergétique qui se trouve questionné, alors que les besoins explosent sous l’effet conjugué de la croissance démographique et de l’urbanisation accélérée.
L’abandon temporaire de ce projet à 1300 milliards souligne l’urgence d’une transformation profonde du secteur électrique au Congo, incluant la modernisation des réseaux, une meilleure transparence dans l’attribution des marchés et une gestion plus efficiente des ressources.