Ce géant minier attaque le Burkina Faso et réclame 137 milliards

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Credit Photo : Ministère des Mines et des Ressources Énergétiques

Un conflit minier opposerait le Burkina Faso à un géant du secteur, selon les informations de Sika Finance. Concrètement, le groupe canadien Sarama Resources aurait déposé le 31 octobre 2025 son mémoire écrit devant le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements.

Selon la même source, la compagnie minière réclame 242 millions de dollars américains, soit près de 138 milliards de francs CFA, plus intérêts, au gouvernement burkinabè. La raison : l’annulation rétroactive du permis d’exploration Tankoro 2 en août 2023.

Ce permis couvrait le gisement de Tankoro, riche en millions d’onces d’or. Il constituait le cœur du projet Sanutura, situé dans la ceinture aurifère de Houndé, au sud-ouest du pays.

Sarama avait obtenu l’approbation officielle près de deux ans avant que les autorités ne changent d’avis. Entre-temps, la société avançait vers la réalisation d’une étude économique préliminaire pour développer une mine sur le site.

« La société a investi plus d’une décennie de travail et des capitaux considérables dans le développement du projet Sanutura, qui a été exproprié de manière illégale », a déclaré Andrew Dinning, président exécutif de Sarama Resources.

Le groupe, coté à Toronto et Sydney, invoque le Traité bilatéral d’investissement signé entre le Canada et le Burkina Faso en 2017. Ce texte prévoit des mécanismes de règlement devant le CIRDI en cas d’expropriation ou de traitement discriminatoire.

Sarama avait adressé un avis d’intention d’arbitrage à Ouagadougou en novembre 2023. Aucune réponse n’est parvenue pendant la période de consultation obligatoire de 60 jours. La procédure formelle a donc été lancée en décembre 2024. Un tribunal arbitral composé de trois membres a été constitué en juin 2025. Enfin, une première audience procédurale s’est tenue le 25 juillet à Washington.

Le gouvernement burkinabè dispose maintenant jusqu’au 31 janvier 2026 pour déposer son contre-mémoire. Une rencontre est programmée pour le 17 février 2026, au cours de laquelle sera fixé le calendrier définitif. L’audience principale se tiendra dans la capitale américaine, mais la date reste à déterminer.

Pour financer cette bataille juridique, Sarama a conclu un accord avec le fonds Locke Capital II LLC. Ce mécanisme, très courant dans les arbitrages d’investissement, fournit 4,4 millions de dollars américains sur quatre ans, soit environ 2,5 milliards de francs CFA.

Le financement couvre tous les frais juridiques sans peser sur la trésorerie opérationnelle de la compagnie. La sécurité du prêt se limite aux résultats de l’arbitrage et aux bénéfices liés au projet Sanutura. Bref, les autres actifs de Sarama restent hors de portée du prêteur.

La représentation légale a été confiée au cabinet Boies Schiller Flexner, réputé dans les litiges miniers internationaux. Ce cabinet a notamment obtenu gain de cause pour Indiana Resources et GreenX Metals, deux groupes australiens confrontés à des situations comparables. L’expert quantitatif Accuracy London a fourni une évaluation indépendante pour soutenir la réclamation soumise au tribunal.

Les autorités burkinabè n’ont émis aucun commentaire public depuis le dépôt du mémoire. Si le CIRDI reconnaissait la responsabilité de l’État, le Burkina Faso devrait verser une compensation considérable. Cette affaire intervient dans un contexte régional tendu. En octobre dernier, le Mali a révoqué 90 permis miniers, dont plusieurs appartenaient à des filiales de multinationales. Les investisseurs internationaux présents en Afrique de l’Ouest surveillent donc de près l’issue de ce différend.

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