Camrail dévoile son plan pour conquérir l’Afrique du rail

Camrail

Crédits photo : Jeune Afrique / © BOLLORE AFRICA LOGISTICS

Camrail vient d’accomplir une prouesse technique. Le concessionnaire du chemin de fer camerounais assure désormais l’intégralité de la maintenance des compresseurs montés sur ses locomotives General Electric. Fini les envois aux États-Unis. Les opérations pneumatiques et électriques s’effectuent maintenant à Douala, dans les ateliers centraux de Bassa.

L’annonce a été faite le 13 novembre dans un communiqué officiel. Jusqu’alors, seule la partie pneumatique était traitée localement. La composante électrique partait chez le constructeur américain. Les équipes techniques ont développé en interne les outils nécessaires au démontage et au remontage de ces équipements. Une autonomisation qui génère des économies substantielles.

« Cette avancée technique illustre parfaitement notre volonté de renforcer l’autonomie industrielle de Camrail, tout en valorisant les compétences locales », déclare Joel Hounsinou, directeur général de l’entreprise. Les gains financiers oscillent entre 20 et 25 millions de francs CFA par compresseur entretenu sur place. Les délais d’intervention diminuent également. Bref, une opération rentable.

Cette maîtrise technique constitue un tremplin pour des ambitions régionales. Camrail a créé à Douala un centre de maintenance ferroviaire destiné aux autres réseaux africains. Le site s’étend sur 35 hectares et compte une dizaine d’ateliers. L’effectif atteint 343 travailleurs : soudeurs, maintenanciers, chaudronniers, mécaniciens, électriciens. Des simulateurs permettent de tester les engins révisés dans des conditions identiques à leur exploitation sur les rails.

« Généralement, les autres réseaux africains ne disposent pas de centres de maintenance et sollicitent les constructeurs pour la révision de leurs équipements. Avec son centre, Camrail met son expertise au profit de ces réseaux qui pourront ainsi réduire les coûts de réparation de leurs engins », expliquait Ndzana Jean Ottou en janvier 2025. Le coordonnateur matériels, moteurs et dépôts s’exprimait lors d’une visite de presse dans les installations de Bassa.

L’entreprise contrôlée par Africa Global Logistics a déjà séduit plusieurs clients. Fin décembre 2024, Sitarail, le réseau ferroviaire ivoirien, a envoyé 10 turbocompresseurs pour locomotives dans les ateliers camerounais. Les opérations de maintenance se sont achevées au premier trimestre 2025. Selon Africa Global Logistics, Camrail a également fourni ses services au Bénin, au Gabon et au Congo-Brazzaville.

La stratégie de Camrail repose sur la diversification des compétences. L’entreprise poursuit l’obtention de certifications auprès du fabricant allemand Knorr-Bremse. Ces formations permettront aux équipes de réparer les organes de freinage dans les ateliers de Bassa. Une expertise reconnue dans plusieurs types de compresseurs et équipements ferroviaires complète le tableau.

Le marché africain de la maintenance ferroviaire offre des perspectives intéressantes. La plupart des concessions du continent ne possèdent pas d’installations comparables. Les coûts d’expédition vers l’Europe ou l’Amérique du Nord pèsent lourdement sur leurs budgets. Camrail propose une alternative géographiquement proche et financièrement avantageuse.

Filiale d’Africa Global Logistics depuis 1999, Camrail investit en moyenne 12 milliards de francs CFA annuellement dans le réseau camerounais. L’entreprise reverse environ 10 milliards de francs CFA chaque année à l’État en redevances, taxes et impôts. Elle emploie 1 500 personnes directement et 4 000 sous-traitants. Enfin, le concessionnaire exploite 517 km sur les 1 104 km du réseau national à voie métrique.

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