Les avocats camerounais ont lancé ce mercredi 5 mars 2025, trois jours de « suspension du port de la robe », en désertant les prétoires, pour protester contre les violences policières visant leur profession.
La protestation a été impulsée par le conseil de l’Ordre des avocats qui a dénoncé dans un communiqué les « violences physiques, barbaries et autres traitements humiliants dont sont victimes de manière récurrente les avocats de la part des forces de l’ordre ».
Dans ce communiqué, le bâtonnier de l’ordre Mbah Eric Mba fait état de deux cas récents. Samedi, « des vidéos ont circulé de manière virale sur les réseaux sociaux montrant des agents de police exerçant des violences et autres actes dégradants et inhumains sur un avocat ».
La veille, l’ordre avait été informé du cas d’un autre avocat, séquestré par des forces de l’ordre pour avoir dénoncé des violations des droits de ses clients.
Le conseil de l’ordre a « décidé d’engager des poursuites judiciaires pour que les auteurs puissent répondre de leurs actes » en appelant les avocats à se mobiliser.
Ce mercredi 5 mars 2025, plusieurs tribunaux de Yaoundé sont restés déserts, a constaté l’AFP.
Mi-novembre, l’Ordre camerounais avait déjà protesté contre des violences policières visant un avocat, hospitalisé après avoir été interpellé par des gendarmes à Douala, la capitale économique du pays.
« Les agressions contre les avocats dans les unités de police et de gendarmerie deviennent progressivement la norme », avait pointé un communiqué dénonçant cette « dérive liberticide ».
Depuis, l’enquête est restée au stade des auditions, selon Me Richard Tamfu, l’avocat molesté en novembre, joint par l’AFP.
La semaine dernière, son confrère, Me Gilbert Ngawou, a pour sa part a été roué de coups par des policiers puis interpellé alors qu’il intervenait dans un conflit de terrain dans un quartier de Douala, selon son entourage et selon un communiqué de l’association cultuelle « la vraie église du Cameroun », son client.
La gestion autocratique du président Paul Biya, 92 ans dont 42 de pouvoir, s’est durcie après sa dernière élection très contestée en 2018, avec depuis une répression féroce de toute opinion dissonante, selon les défenseurs des droits humains.
HRW a récemment pointé « le contexte de répression gouvernementale croissante contre l’opposition et la dissidence depuis le milieu de l’année 2024 avant l’élection présidentielle » prévue en octobre prochain.
« Le Cameroun a une culture d’impunité généralisée lorsqu’il s’agit d’abus commis par ses forces de sécurité », pointe l’ONG dans une publication concernant le décès en garde à vue d’un jeune de 26 ans, avec suspicion de tortures, survenu en janvier dernier.
Avec AFP