Cameroun : le pays reçoit un important avertissement venant des États-Unis

Cameroun Fitch

Crédits photo : Données cartographiques de google

En novembre 2025, Fitch Ratings a maintenu la note B du Cameroun. L’agence de notation américaine a toutefois émis une mise en garde explicite concernant les finances publiques. Les interventions directes de la Société Nationale des Hydrocarbures représentent le point d’achoppement principal.

Fitch observe que « la gestion des finances publiques du Cameroun reste un point faible pour la notation ». L’agence précise sans ambages que « la faiblesse de la GFP est également mise en évidence par la hausse continue des ‘interventions directes’ de la Société Nationale des Hydrocarbures, que nous prévoyons de rester élevées en 2025 ». Ces dépenses atteignent 0,7 % du PIB en 2024.

Les interventions directes désignent des paiements effectués par la SNH pour le compte de l’État, mais qui échappent au circuit budgétaire classique. Aucune inscription en loi de finances. Pas de contrôle administratif ni de présentation dans les rapports officiels. Ces opérations financent des activités jugées urgentes ou sensibles, notamment dans le domaine sécuritaire. Enfin, le Parlement ne dispose d’aucun moyen de surveillance sur ces flux financiers.

La présidence de la République a pris position le 18 juillet 2025 à travers une circulaire relative à la préparation du budget 2026. Le document indique qu’« un terme devra être mis dès 2026, à la pratique des interventions directes au niveau de la Société Nationale des Hydrocarbures ». Toutes les dépenses suivront désormais « la procédure normale d’exécution de la dépense, au même titre que les autres dépenses du budget de l’État ».

Cette annonce intervient après plusieurs années de dérives. Le rapport économique annexé à la loi de finances 2025 signale une augmentation de 105,8 milliards de francs CFA dans les achats de biens et services. Cette hausse résulte notamment du renforcement des interventions directes dans le secteur sécuritaire. Les opérations ont continué de croître malgré les engagements pris devant le FMI.

Entre 2021 et 2024, Yaoundé a régulièrement manqué les objectifs fixés. En 2021, les interventions directes atteignaient 138 milliards de francs CFA à mi-année, alors que le plafond convenu était de 100 milliards. L’année suivante, elles culminaient à 91,9 milliards de francs CFA au 30 juin, dépassant encore les limites autorisées.

Les autorités camerounaises justifient ces dépassements par l’urgence sécuritaire dans les régions anglophones et dans l’Extrême-Nord. Les subventions au carburant et les tensions dans le secteur électrique ont également nécessité des financements rapides. Un comité ad hoc réunissant la SNH et le ministère des Finances a été créé pour améliorer le suivi. Bref, les résultats restent insatisfaisants.

Le FMI relevait encore en novembre 2024 que ces dépenses continuaient de dépasser les plafonds convenus. L’institution estime qu’elles « évincent » des priorités comme l’investissement public. Entre 2020 et 2021, la SNH a dépensé 419 milliards de francs CFA en interventions directes, un montant colossal pour une économie de la taille du Cameroun.

La perspective négative maintenue par Fitch reflète également les inquiétudes liées à la succession politique. Paul Biya, âgé de 92 ans, a remporté l’élection présidentielle d’octobre 2025 avec 53,7 % des voix. L’agence américaine souligne que « la transition ultérieure du pouvoir politique comporte des risques significatifs, étant donné l’absence de plan de succession ainsi que les divisions et rivalités politiques au sein du parti au pouvoir ».

Le Cameroun devra démontrer sa capacité à réformer ses pratiques budgétaires pour espérer une amélioration de sa notation. Dès 2026, les engagements présidentiels seront mis à l’épreuve. Les partenaires financiers observent de près. La crédibilité du pays sur les marchés internationaux en dépend largement.

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