Le Cameroun réalise un exploit à coup de milliards malgré le coup de force de BEAC.
En théorie, la recette de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC) était imparable pour juguler l’envolée des prix dans la zone CEMAC : restreindre les liquidités bancaires et ainsi assécher le robinet des crédits pour calmer les ardeurs inflationnistes.
Mais dans la pratique, les établissements financiers camerounais ont réussi à contourner la vigilance de Yaoundé.
Les chiffres sont éloquents et témoignent d’une véritable fronde monétaire ! Entre avril et juin 2023, les banques ont octroyé pas moins de 1 311,6 milliards de francs CFA de financements aux entreprises locales.
Un bond stratosphérique de 47,7% par rapport à la même période de 2022, quand les crédits plafonnaient à 887,9 milliards.
Un camouflet pour la BEAC qui pensait avoir muselé les capacités de prêt avec ses relèvements de taux directeurs répétés et ses ponctions insistantes de liquidités dans le système bancaire.
Mais comme l’a admis son ex-gouverneur Abbas Mahamat Tolli, les banques ont réussi à passer entre les mailles du filet restrictif.
Leur arme secrète ? Le marché secondaire des bons du Trésor ! Via un ingénieux système de « pension livrée », les établissements se sont prêtés mutuellement des fonds en échangeant ces titres publics en garantie.
Un jeu de dupes ultra-sécurisé pour continuer à arroser les entreprises, quitte à défier la politique monétaire.
Un tour de passe-passe financier qui laisse dubitatif. Avec cette augmentation de plusieurs milliards, le Cameroun aurait-il définitivement remporté son bras de fer contre la BEAC ?
Toujours est-il que les ardentes flammes du crédit semblent bien vivaces et loin d’être étouffées dans ce pays frondeur.
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