Au Cameroun, l’arrêt brutal des financements américains touche aussi la société civile dans ses programmes de promotion de la démocratie et, notamment, de surveillance électorale.
Ainsi, au Cameroun, alors que le pays se prépare à une élection présidentielle en octobre, des organisations habituellement mobilisées en amont et durant le scrutin pour observer de façon indépendante le vote, se retrouvent privées de moyens.
Du jour au lendemain, les projets sont arrêtés au Cameroun. Pour l’organisation Un monde avenir coordonnée par Philippe Nanga, la fin de l’aide américaine, c’est la perte du plus gros partenaire.
« Nous avions un projet avec l’ambassade des États-Unis, qui était un projet de 65 000 dollars, on avait à peine démarré depuis quelques semaines. On avait des animateurs qui devaient être déployés sur le terrain pour faire de la sensibilisation et de l’éducation électorale, on avait prévu également de l’observation électorale, tout ça, c’est annulé ».
Annulé aussi ce programme de formation préparé depuis des mois par l’équipe de Cyrille Rolande-Béchon, directrice exécutive de Nouveaux droits-de-l’homme, basée à Yaoundé.
« Nous n’allons pas pouvoir former les organisations locales sur le suivi du processus électoral, nous n’allons pas pouvoir renforcer les capacités institutionnelles pour que les organisations soient plus durables et plus efficaces. Quelque chose doit être fait. La société civile ne peut pas être mise hors-jeu en ce moment crucial, vraiment, de la démocratie au Cameroun ».
Au Cameroun rien à attendre des autorités
Pour Philippe Nanga, rien à attendre des autorités, alors que le pays est dirigé depuis bientôt 43 ans par Paul Biya. Il faut à présent se tourner vers d’autres partenaires.
« Si jamais il se trouve qu’il n’y a pas la possibilité pour la société civile de se déployer sur le terrain, je crains qu’on soit là en train d’aller dans le mur, il n’y aura pas un acteur pour pouvoir dire ce qu’il s’est passé. Je crains que finalement, on se trouve dans une situation où les gens se découragent de plus en plus, qu’il y ait une participation faible, et donc aggraver la possibilité de conflit ».
Code électoral décrié, résultats officiels régulièrement contestés par les candidats, la société civile appelle par exemple le Canada et l’Union européenne à la soutenir en cette année décisive.