Cameroun : en Afrique de l’Ouest, le port de Douala devient…

Cameroun port de Douala

Crédits photo : PAD CM

Le Port de Douala vit une période difficile. L’infrastructure vitale du Cameroun enregistre aujourd’hui les plus longs retards parmi les grands ports d’Afrique de l’Ouest.

L’information vient de la plateforme spécialisée Gocomet selon Investir au Cameroun.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’attente des navires atteint désormais neuf jours au port de Douala.

En comparaison, les autres ports de la région font mieux. Conakry en Guinée affiche environ sept jours d’attente. Abidjan en Côte d’Ivoire présente des délais similaires. Lekki au Nigeria maintient aussi cette moyenne de sept jours.

La situation préoccupe même les acteurs économiques. Le port de Douala reste une plateforme incontournable pour la région. Il concentre entre 75 % et 85 % du fret camerounais. De plus, il traite une large part des cargaisons destinées aux pays voisins de la Cemac. Le Tchad et la République centrafricaine dépendent particulièrement de cette infrastructure.

Aucune explication officielle n’a encore été fournie par les autorités. Cependant, plusieurs facteurs permettent de comprendre cette saturation qui pénalise l’économie régionale.

L’accès au port constitue l’une des difficultés principales. Les navires doivent remonter le fleuve Wouri pour atteindre les quais. Cette opération exige un dragage constant du chenal. Le fleuve Wouri est une voie navigable complexe qui nécessite un entretien permanent. Les conditions de marée favorables restent également nécessaires pour l’accostage et le départ des navires.

Les fortes pluies qui s’abattent sur Douala compliquent davantage ces manœuvres délicates. « C’est dire que les capacités du port actuelle sont dépassées », a mis en exergue le DG du PAD, Cyrus Ngo’o, selon le Journal du Cameroun. Ce qui souligne l’ampleur des défis auxquels fait face l’infrastructure.

La hausse saisonnière d’activité aggrave la situation. Le mois d’août correspond au démarrage des exportations de cacao. Cette période intense mobilise les installations portuaires. Parallèlement, la demande du Tchad et de la Centrafrique s’intensifie régulièrement. Ces pics d’activité mettent en lumière les fragilités structurelles du port camerounais.

Heureusement, le Port autonome de Douala (PAD) a bien annoncé de nouveaux investissements. Ces projets visent à améliorer les capacités de traitement. Toutefois, ces investissements n’ont pas encore permis de réduire la pression sur des installations vieillissantes. Le site Investir au Cameroun rappelait fin 2023 que le PAD prévoyait 12 milliards de FCFA pour l’acquisition de huit grues de parc.

Malheureusement, des années de dépendance à un matériel obsolète ont laissé un lourd passif. Ce retard d’équipement continue de peser en 2025. Le complexe de huit silos en construction au port de Douala sera pleinement opérationnel d’ici mars 2025, selon Investir au Cameroun. Ces nouveaux équipements pourraient améliorer la situation.

Plus au sud, le port en eau profonde de Kribi offre une alternative intéressante. Cette infrastructure présente des délais d’attente bien plus courts. Les navires n’attendent qu’à peine deux jours à Kribi. L’administration y est également jugée plus performante par les usagers.

Cependant, recourir au port de Kribi suppose des coûts logistiques additionnels. Cette solution se heurte aussi aux difficultés d’évacuation des marchandises vers l’hinterland. Les routes et voies ferrées reliant Kribi aux centres économiques restent limitées.

Dans le classement des 15 ports ouest-africains étudiés, certains affichent des performances nettement meilleures. Des ports comme Pointe-Noire en République du Congo présentent des délais inférieurs à une journée. Tema au Ghana fait également partie de ces infrastructures performantes. Onne au Nigeria complète cette liste des ports efficaces.

Pour tenter de combler son retard, le Cameroun mise sur un vaste schéma directeur de développement (SDD). Ce plan ambitieux a été adopté en décembre 2019. Il vise à faire passer la capacité du port de Douala de près de 13 millions de tonnes à 45 millions à l’horizon 2050. Cet objectif représente un triplement des capacités actuelles.

La première phase du schéma prévoit la modernisation et l’optimisation des infrastructures du site de Bonabéri. Cette étape concentre les efforts sur l’amélioration de l’existant. La seconde phase repose sur une extension vers un nouveau site en eau profonde à Manoka. Cette zone se situe dans le 6e arrondissement de Douala.

Le groupe KTH construira deux terminaux mixtes vraquiers avec 900 mètres linéaires de quai sur la rive droite du fleuve Wouri, selon la CNCC. Ces nouveaux aménagements devraient considérablement augmenter les capacités de traitement.

La congestion portuaire en Afrique de l’Ouest, et particulièrement à Douala, résulte d’un faisceau de causes complexes. Les infrastructures vieillissantes constituent le premier problème. Les volumes de fret en hausse exercent une pression croissante. Les lenteurs administratives ralentissent les opérations. Les contraintes maritimes et environnementales compliquent la navigation.

Ensemble, ces facteurs créent des goulots d’étranglement qui freinent l’efficacité des opérations de manutention. Une nouvelle zone logistique de 25 hectares au Port Autonome de Douala pour la gestion des conteneurs vides, un investissement stratégique de 50,4 milliards FCFA promettant de créer 1 200 emplois, rapporte Actu Cameroun.

Malgré les projets de modernisation en cours et la montée en puissance de nouveaux ports, les défis structurels persistent. Le sous-investissement chronique pèse encore sur les performances. La gouvernance perfectible constitue aussi un frein aux améliorations.

Pour résorber la congestion, il faudra une action coordonnée alliant infrastructures, outils numériques et logistique régionale.

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp