Dans le secteur de la production de cacao, le Ghana vient de marquer sa différence.
En effet, face à la flambée des cours internationaux, Accra maintient inchangé le prix payé à ses producteurs pour la campagne intermédiaire 2024/2025.
C’est une décision qui tranche radicalement avec celle de son voisin et rival ivoirien.
Le régulateur ghanéen Cocobod l’a confirmé dans une récente circulaire : le prix d’achat reste fixé à 3 100 cedis par sac de 64 kg, soit 48,4 cedis le kilogramme (environ 1 858 FCFA).
Ce statu quo surprend dans un contexte où la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial, vient d’annoncer une augmentation spectaculaire de 22% de son prix garanti.
Cette politique divergente interroge, alors que les deux nations avaient esquissé les contours d’une stratégie commune face aux géants chocolatiers.
Ensemble, elles représentent près de 60% de la production mondiale de cacao et disposent théoriquement d’un levier considérable pour peser sur les marchés.
Pendant ce temps, les producteurs ivoiriens savourent une augmentation historique.
Comme l’a annoncé le 2 avril 2025 le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani, le prix d’achat bord champ atteint désormais 2 200 FCFA le kilogramme (3,6 dollars), un niveau jamais atteint.
Cette divergence de politique des prix crée un différentiel significatif entre les deux pays limitrophes. Un écart qui pourrait favoriser la contrebande transfrontalière, contraignant potentiellement Accra à renforcer ses contrôles pour éviter de voir sa production s’écouler clandestinement vers son voisin plus offrant.
Cette situation paradoxale intervient dans un contexte marqué par des tensions persistantes sur l’offre mondiale. La production ivoirienne devrait rester sous la barre des 2 millions de tonnes, similaire à la dernière campagne estimée à environ 1,8 million de tonnes.
Pour la petite campagne d’avril à septembre, les prévisions tablent sur environ 300 000 tonnes, bien en-deçà des moyennes habituelles proches de 500 000 tonnes.
Plusieurs facteurs structurels expliquent cette contraction de l’offre : le dérèglement climatique affecte les cycles de production, les plantations vieillissantes perdent en rendement, et la maladie du Swollen Shoot continue de ravager les vergers. Ces éléments contribuent à maintenir les cours mondiaux à des niveaux historiquement élevés.
Le choix ghanéen de ne pas répercuter cette hausse sur les prix aux producteurs soulève des questions sur sa stratégie à long terme dans la filière cacao.
Alors que la Côte d’Ivoire semble privilégier le soutien immédiat à ses planteurs de cacao, le Ghana pourrait viser d’autres objectifs économiques ou budgétaires.