Au Burkina Faso, les nouvelles ne sont pas bonnes pour le gouvernement d’Ibrahim Traoré.
Les avocats du pays ont observé jeudi un arrêt de travail, paralysant de nombreux tribunaux, pour exiger la libération d’un de leurs confrères enlevé fin janvier par des hommes en civil et détenu par les autorités burkinabè, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Le Conseil de l’ordre des avocats, en sa séance extraordinaire du 7 février 2024 a décidé d’observer un arrêt de travail le jeudi 15 février sur toute l’étendue du territoire, dans le cadre des actions engagées pour exiger la libération sans condition de leur confrère, Guy Hervé Kam », avait écrit le bâtonnier Siaka Niamba dans un communiqué.
« Les avocats sont donc invités à s’abstenir de participer aux audiences devant toutes les juridictions sans exception », avait-il insisté.
Répondant à son appel, les avocats burkinabè ont deserté jeudi les tribunaux et la maison de l’avocat à Ouagadougou.
Les salles d’audience du tribunal de grande instance de la capitale burkinabè sont restées vides, a constaté l’AFP.
Me Guy Hervé Kam, enlevé dans la nuit du 24 au 25 janvier à l’aéroport de Ouagadougou par des hommes en tenue civile, est détenu depuis dans les bâtiments de la sûreté de l’État, au « mépris délibéré et inconsidéré des dispositions garantissant la liberté et l’indépendance de l’avocat et du barreau », selon l’ordre des avocats du Burkina Faso.
Il est notamment connu au Burkina pour avoir été l’avocat de la famille de Thomas Sankara, ex-chef d’Etat (1983-1987) tué lors d’un coup d’Etat perpétré par son successeur Blaise Compaoré.
Ancien magistrat, Me Kam est également un leader de la société civile burkinabè. Il a notamment co-fondé le « Balai citoyen », un mouvement qui avait joué un rôle capital dans la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014.
Plusieurs cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire au pouvoir depuis un coup d’État en septembre 2022, dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré, ont été rapportés ces derniers mois au Burkina Faso.
L’ex-ministre des Affaires étrangères Ablassé Ouédraogo a été enlevé fin décembre et l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie, le lieutenant-colonel Évrard Somda, en janvier.
Le gouvernement de transition a affirmé en janvier avoir déjoué une « énième tentative de déstabilisation » et lancé une traque contre un réseau impliquant des militaires et des civils.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des violences jihadistes attribuées à des mouvements armés affiliés à Al-Qaïda et au groupe État islamique qui ont fait près de 20.000 morts et plus de deux millions de déplacés internes.
Avec AFP
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