Burkina Faso : l’État arrache cette société des mains d’un groupe français

« Les gens nous suivent et nous n’avons pas...» : Ibrahim Traoré fait de nouvelles déclarations retentissantes

Crédit Photo : Senenews

Au Burkina Faso, le gouvernement reprend le contrôle de la Société nouvelle Huilerie et Savonnerie Citec. Le Conseil des ministres a adopté jeudi 20 novembre 2025 deux décrets pour nationaliser cette entreprise privatisée en 1995. Géocoton, filiale du groupe français Advens, détenait cinquante-trois pour cent du capital. La Sofitex possédait trente-quatre pour cent. Des investisseurs locaux se partageaient les treize pour cent restants. Cette reprise intervient après plusieurs mois de discussions infructueuses entre Ouagadougou et l’actionnaire français.

Serge Gnaniodem Poda explique la situation. Le ministre de l’Industrie rappelle que Géocoton souhaitait céder ses parts.

« Dans un contexte d’affirmation de la souveraineté industrielle amorcée par le Burkina Faso sous le leadership du camarade Capitaine Ibrahim Traoré, Président du Faso, Chef de l’État, le gouvernement a approché l’actionnaire majoritaire pour lui exprimer sa volonté de procéder au rachat de ses parts. » Les négociations ont buté sur une dette contractée par l’actionnaire.

Cette dette servait à financer les opérations de l’usine de Bobo-Dioulasso ainsi que d’autres filiales au Burkina et au Togo, selon l’Agence Ecofin.

Les autorités exigeaient une clarification avant tout transfert. Elles redoutaient de récupérer une société alourdie par des créances douteuses. Face au refus de Géocoton d’aborder cette question financière, la nationalisation s’imposait.

Bref, il fallait agir vite. L’approche de la nouvelle campagne industrielle risquait de perturber l’approvisionnement national en huiles alimentaires. L’État s’engage toutefois à indemniser les actionnaires concernés.

Fondée en 1941, la SN-Citec produit de l’huile raffinée, du savon de ménage et des aliments pour bétail à partir de graines de coton au Burkina Faso. Ses capacités théoriques atteignent cent vingt mille tonnes de graines triturables par an, vingt mille tonnes d’huile raffinée et quarante-huit mille tonnes d’aliments pour animaux.

L’usine pourrait couvrir trente pour cent des besoins nationaux en huiles. Elle tourne pourtant à cinquante pour cent de ses capacités seulement. Les exportations parallèles de matières premières et les dysfonctionnements logistiques pèsent sur la production.

Le groupe Géocoton contrôle plusieurs sociétés cotonnières en Afrique de l’Ouest depuis des décennies. Au Burkina, il possède également la Société cotonnière du Gourma dans la région Est. Son retrait de la SN-Citec pourrait annoncer une reconfiguration plus large de ses activités sur le continent.

Pour Ouagadougou, cette nationalisation répond à un objectif précis : transformer localement les matières premières plutôt que les exporter brutes. Enfin, le contrôle de cette industrie permettra de stabiliser les prix des produits de base et d’assurer la sécurité alimentaire du pays.

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