Burkina Faso : des personnes réquisitionnées pour combattre les jihadistes après des propos critiques envers le gouvernement, enfin libres

Burkina Faso : des personnes réquisitionnées pour combattre les jihadistes après des propos critiques envers le gouvernement, enfin libres

Credit Photo : Présidence du FASO

Quatre personnes réquisitionnées il y a plusieurs mois pour combattre des jihadistes au Burkina Faso, après avoir tenu des propos critiques envers le gouvernement, ont été libérées au cours de la semaine dernière, a appris le 15 juillet, l’AFP auprès de leurs proches et d’une source sécuritaire.

Le Burkina Faso dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis un coup d’Etat en septembre 2022, utilise un décret de mobilisation générale dans le cadre de la lutte antijihadiste pour réprimer les voix discordantes, réquisitionnées pour aller combattre au front.

Entre le 10 juillet et le 13 juillet, quatre personnes réquisitionnées depuis plusieurs mois pour avoir tenu des propos critiques envers le gouvernement ont recouvré la liberté.

Parmi elles, le chroniqueur Kalifara Séré, qui n’avait plus donné de signe de vie depuis juin 2024, après son arrestation à Ouagadougou par des hommes « encagoulés, armés » et « habillés en civil ». Il est « effectivement libre depuis le weekend dernier », a déclaré à l’AFP un proche de sa famille. « Il se porte bien et prend du temps d’abord pour lui-même et pour sa famille », a-t-il poursuivi.

« RSF est soulagée d’apprendre que Kalifara Séré qui a manifestement été réquisitionné de force dans l’armée, a retrouvé sa famille et ses proches », a déclaré à l’AFP Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de l’ONG Reporters sans frontières (RSF).

Ancien haut fonctionnaire devenu chroniqueur réputé sur la télévision privée BF1, Kalifara Seré avait remis en cause la véracité des images du chef de l’État donnant son sang deux jours après un incident de tir d’obus près du palais présidentiel à Ouagadougou.

Benoît Bassolé, le neveu de Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères de l’ex-président Blaise Compaoré, a aussi retrouvé la liberté entre le 12 et 13 juillet. Il avait été arrêté en septembre 2024, au moment où Djibril Bassolé, qui vit en exil en France, était accusé d’un complot contre le régime militaire.

Marcel Imané, un professeur d’allemand, enlevé fin mars par des « individus non identifiés » à Dissin dans le sud-ouest du pays pour avoir critiqué la situation sécuritaire, a été libéré le 10 juillet, selon ses proches.

« Musèlement des voix critiques »

James Yazid Dembélé, leader de la société civile, a également été libéré le 11 juillet alors que les rumeurs sur sa mort suite à des tortures sévères devenaient virales.

Il avait été capturé en janvier 2024 à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays, après une course poursuite avec des hommes encagoulés, accusé d’avoir fait fuiter un enregistrement audio d’une rencontre entre des représentants de la société civile et le chef du renseignement burkinabè.

Une source sécuritaire a confirmé à l’AFP leur libération, évoquant la « fin de leur réquisition.

Plusieurs autres journalistes et activistes de la société civile demeurent « réquisitionnés » par le gouvernement suite à des propos critiques.

Dans un communiqué transmis à l’AFP, RSF dénonce « le musèlement des voix critiques par les autorités » burkinabè et appelle ces dernières « à se prononcer quant au sort de six autres journalistes portés disparus ou réquisitionnés ».

Le gouvernement a également arrêté des dizaines d’officiers militaires, dont l’ex-chef d’état-major de la gendarmerie Evrard Somda, tous accusés de « complot » ou de « tentative de déstabilisation des institutions républicaines ».

Depuis 2015, le Burkina Faso est pris dans une spirale de violences jihadistes qui ont fait plus de 26.000 morts, civils et militaires, selon l’ONG Acled qui recense les victimes de conflits.

Avec AFP

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