C’est un souffle de défiance qui vient agiter les cénacles onusiens. Bassolma Bazié, l’émissaire du gouvernement burkinabé, a lancé un pavé dans la mare lors de la 112e Conférence de l’Organisation Internationale du Travail.
Une pierre d’achoppement : les critères de ratification des conventions par les États.
Dans un réquisitoire mordant, le ministre de la Fonction publique a remis en cause les fondements même du processus décisionnel en vigueur.
« Les ratifications, leur mise en œuvre et notre présence dans des Organisations seront soumises à la décision souveraine du Peuple », a-t-il tranché, défiant les usages établis.
Une posture en rupture avec les années de suivisme béat, où le Burkina Faso comptait parmi les élèves disciplinés de l’OIT, ratifiant 44 de ses conventions depuis 1960.
Un sacerdoce désormais révolu au profit d’un « sens de conquête de notre souveraineté », dixit Bazié.
Un discours insurrectionnel, teinté d’une souveraineté populaire chère aux francs-tireurs du monde émergent ?
Le poids des urnes semble en tout cas appelé à contrebalancer le dogmatisme de certaines instances onusiennes aux yeux des autorités burkinabè.
« Le peuple a conçu son contrat social prioritaire », a martelé le ministre, égrenant les chantiers urgents : sécurité, gouvernance, réconciliation nationale…
Autant de défis à même de justifier ce coup de sang institutionnel et son corollaire, un questionnement du « sens plein des valeurs humaines » prônées par l’OIT.
Une charge à la grenaille visant à replacer Ouagadougou dans un rapport de force supposément plus équilibré. Reste à voir si ce vent d’émancipation soufflant d’Afrique de l’Ouest saura déstabiliser durablement la vieille maison onusienne.
Ou s’il ne constituera qu’un sursaut éphémère, écrasé par le poids bureaucratique de la gouvernance mondiale…
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