Trois journalistes burkinabè, interpellés la semaine dernière pour avoir prononcé ou relayé des propos critiquant le régime militaire.
Les enrôlements forcés dans les forces de sécurité déployées au front sont en vigueur dans le pays.
Le 24 mars 2025, le président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB) Guézouma Sanogo et son vice-président Boukari Ouoba avaient été arrêtés à Ouagadougou et emmenés vers une destination inconnue.
Quelques jours plus tôt, ils avaient dénoncé publiquement la multiplication des « atteintes à la liberté d’expression et de presse ».
Un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, avait été emmené le 26 mars pour avoir fait un reportage sur ces propos.
Il avait par ailleurs été suspendu deux semaines par le Conseil supérieur de la communication, le gendarme des médias burkinabè.
Les trois hommes sont réapparus dans une vidéo, largement partagée notamment par des comptes soutenant la junte sur les réseaux sociaux.
Ils y semblent à l’intérieur d’une caserne militaire, en zone rurale, le crâne rasé et vêtus de treillis, répondant à des questions d’un militaire et vantant la nécessité de « couvrir la réalité sur le terrain ».
Des journalistes « comblés »
« On est arrivé ici dans des circonstances particulières, mais nous apprécions cette occasion qu’on a de pouvoir rendre compte de la réalité », assure Boukari Ouoba, aux côtés des deux autres journalistes.
« Étant à Ouagadougou, ce qu’on peut faire, ce sont des commentaires, des opinions qu’on donne », poursuit-il.
Il estime que « la vraie information est sur le terrain.
Il faut venir toucher du doigt la réalité des populations pour pouvoir en rendre compte ».
« Forcer des journalistes à relayer une propagande d’État sous la contrainte est une violation inacceptable de la liberté de la presse, qui témoigne d’un régime incapable de tolérer la critique », a réagi auprès de l’AFP Reporters sans Frontières (RSF).
« RSF condamne fermement l’enrôlement forcé des journalistes et exige leur libération immédiate ».
« Pas une démocratie »
Le Burkina Faso est dirigé par le capitaine Ibrahim Traoré qui a pris le pouvoir par un putsch.
« Nous ne sommes pas dans une démocratie. Nous sommes bien en révolution progressiste populaire.
On ne fait pas de révolution dans le désordre », a lancé le capitaine Traoré dans un message à la Nation.
© AFP