Burkina Faso : 10 mois après la sortie de la CEDEAO, un nouvel examen mis en place pour les étudiants

Burkina Faso examen étudiants

Crédits photo : Iwaria / AMISOM

Au Burkina Faso, un nouvel examen vient d’arriver sur la route de certains étudiants. Ouagadougou impose en effet un virage pour les universités privées.

À compter de la rentrée 2026-2027, tous les étudiants inscrits dans ces établissements devront passer un examen national pour obtenir leur licence, leur master ou leur doctorat. L’annonce a été faite ce jeudi 13 novembre 2025 par le ministre de l’Enseignement supérieur, le professeur Adjima Thiombiano, lors d’une rencontre avec les promoteurs des institutions privées.

Le nouveau cahier des charges compte 145 articles. Il rompt avec l’ancien dispositif jugé insuffisant. Désormais, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation organisera lui-même les examens pour tous les diplômes délivrés par le secteur privé. Cette centralisation vise à garantir une évaluation uniforme entre les universités publiques et privées, selon les autorités.

« L’objectif de tous ces examens nationaux, c’est de s’assurer que, véritablement, nous avons une certaine équité entre le public et le privé », a déclaré le professeur Thiombiano. Le ministre a précisé que dans le domaine de la santé, les étudiants subiront un examen national à chaque fin d’année, de la première à la dernière année de formation. Les filières médicales font l’objet d’une attention particulière. Bref, les contrôles se multiplient.

Le cahier des charges impose également d’autres contraintes aux institutions privées. Les universités formant en médecine devront posséder leur propre Centre Hospitalier Universitaire. « Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre sur le marché de l’emploi, des médecins qui présentent des insuffisances », a justifié le ministre. Actuellement, la plupart des établissements privés placent leurs étudiants dans des structures publiques déjà saturées. Le gouvernement veut corriger cette situation.

Le texte réglemente aussi le recrutement du personnel enseignant. Les institutions privées devront désormais employer des professeurs permanents selon des quotas fixés. Le recours aux enseignants retraités sera interdit. Un quota minimal de 25 % d’enseignants permanents sera exigé après dix ans d’activité. Ces mesures visent à professionnaliser l’encadrement dans un secteur en expansion rapide depuis deux décennies.

Les chiffres expliquent cette réforme. Selon le Tableau de bord de l’enseignement supérieur 2022-2023, 220 128 étudiants étaient inscrits dans les établissements burkinabè. Près de 20 % fréquentaient des structures privées. En 2022, sur 27 183 diplômés, 29,9 % provenaient du secteur privé. Cette proportion grimpe chaque année. Enfin, la multiplication des universités privées ces dernières années a soulevé des interrogations sur la qualité des formations dispensées et la valeur des diplômes délivrés.

Le professeur Thiombiano a invité tous les acteurs à s’approprier ce nouveau document. Les promoteurs d’universités privées, les étudiants et leurs parents disposent de plus d’un an pour s’adapter. Les établissements qui ne se conformeront pas aux nouvelles dispositions s’exposent à des sanctions. Le cahier des charges détaille les régimes d’autorisation, de contrôle et de suivi, ainsi que les droits et obligations de chacun.

Cette orientation survient alors que le Burkina Faso traverse une période complexe. Le pays a quitté la CEDEAO en janvier 2025 aux côtés du Mali et du Niger pour former la Confédération des États du Sahel.

Pourtant, les trois nations demeurent membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine. La reconnaissance des diplômes dans l’espace régional pourrait poser question si les États voisins n’appliquent pas des mesures similaires pour leurs universités privées.

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