Les sanctions américaines contre le pétrole russe placent l’Inde face à un défi majeur. Elles risquent de désorganiser son secteur du raffinage et de fragiliser son marché intérieur.
La pression monte, les raffineurs indiens redoutent des sanctions secondaires américaines, de l’accès au système bancaire en dollars, à l’assurance et au financement du fret maritime.
Le brut russe à prix cassé avait jusque-là permis à New Delhi de maîtriser ses coûts et de soutenir sa croissance. Il semble cependant qu’aujourd’hui cette marge de manœuvre se réduise fortement.
Sans l’annoncer officiellement, l’Inde se préparait déjà à réduire ses importations de pétrole russe.
New Delhi tentait de gagner du temps, malgré les déclarations répétées depuis le 15 octobre de Donald Trump affirmant que Narendra Modi s’était engagé à y mettre fin.
Mais les nouvelles sanctions américaines qui visent les exportateurs russes laissent peu de marge de manœuvre à l’Inde.
Ses raffineries, publiques comme privées, risquent des sanctions « secondaires » américaines, susceptibles de perturber tout le secteur pétrolier.
Pour New Delhi, diversifier en urgence ses sources d’approvisionnement devient désormais une nécessité stratégique.
Le dilemme est réel. Le pétrole russe, vendu à prix réduit, a longtemps permis à l’Inde de contenir l’inflation et de soutenir sa croissance énergétique.
L’Inde, premier acheteur de pétrole russe
Jusqu’à ce mois-ci, le pays reste le premier acheteur mondial de brut russe transporté par voie maritime, soit plus d’un tiers de ses importations totales, soit environ 1,7 à 1,8 million de barils par jour, représentant 34 à 36 % du total.
Les grands raffineurs indiens, publics comme Indian Oil et privés comme Reliance Industries, devraient revoir leurs contrats avec Rosneft et Lukoil. Pour compenser, ils se tournent déjà vers le Moyen-Orient, notamment l’Irak, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.