Bénin : le gouvernement lance le développement d’une IA propre au pays

IA Bénin

Crédit Photo : flagsonline

Le Bénin montre de grandes ambitions concernant l’IA (Intelligence Artificielle). Pour ce faire, Cotonou mise sur ses langues. Le lundi 10 novembre 2025, le gouvernement béninois a en effet officiellement lancé le projet « JaimeMaLangue », visant à créer une intelligence artificielle capable de comprendre et de reproduire les idiomes locaux.

L’Agence des systèmes d’information et du numérique, en collaboration avec l’Institut IIDiA, pilote cette opération placée sous le thème « Le Bénin parle au futur ».

Le principe repose sur une collecte participative de données vocales. Les citoyens se rendent sur la plateforme jaimemalangue.bj, créent un compte, sélectionnent leur langue et enregistrent des phrases. Ces échantillons sonores, validés par des linguistes et des ingénieurs, serviront à entraîner des modèles d’intelligence artificielle capables de comprendre le fongbé, le yoruba, le baatonu et d’autres parlers béninois. La phase pilote démarre avec le fongbé, langue parlée par environ deux millions de personnes dans le sud du pays.

« L’objectif est de faire de chaque citoyen un acteur du futur numérique du Bénin », ont déclaré les responsables du projet lors de la cérémonie de lancement. Cette ambition s’articule autour de trois axes : inclusion, innovation et préservation du patrimoine linguistique. Bref, donner une existence numérique aux langues qui en sont encore dépourvues.

L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture rappelle qu’à peine mille des sept mille langues parlées dans le monde disposent d’une présence en ligne. Cette marginalisation numérique menace la survie de nombreux idiomes africains, où la transmission orale demeure dominante. En créant des bases de données vocales représentatives pour l’IA, le Bénin espère inverser cette tendance et garantir une place pour ses langues dans l’univers technologique.

Le projet s’appuie sur la Stratégie nationale d’intelligence artificielle et de mégadonnées, adoptée en janvier 2023 par le Conseil des ministres. Ce document définit une feuille de route jusqu’en 2027 pour exploiter l’IA dans l’éducation, la santé, l’agriculture et le tourisme. Le gouvernement entend positionner le pays comme un acteur régional dans le développement d’outils numériques adaptés aux réalités locales.

Plusieurs initiatives ont précédé « JaimeMaLangue ». En juillet 2025, le ministère du Numérique avait lancé le Dictionnaire des langues béninoises, un outil en ligne recensant la terminologie de plusieurs parlers nationaux. En mai 2024, une première campagne de collecte de données vocales avait déjà mobilisé des volontaires dans tout le pays. Enfin, en mai 2023, les autorités avaient présenté un prototype d’agent conversationnel basé sur l’intelligence artificielle lors du Salon de l’entrepreneuriat numérique.

Les applications concrètes sont multiples. Des assistants vocaux capables de répondre en fongbé ou en yoruba pourraient faciliter l’accès aux services administratifs pour les populations rurales peu alphabétisées. Des applications éducatives permettraient aux enfants d’apprendre dans leur langue maternelle avant de passer au français. Les services de santé gagneraient en efficacité avec des outils de diagnostic compatibles avec les descriptions locales des symptômes.

Le processus de collecte reste simple. L’utilisateur inscrit son nom, son prénom et son numéro de téléphone. Il choisit sa langue parmi celles disponibles. La plateforme lui soumet des phrases à lire ou à répéter. Les enregistrements sont envoyés anonymement et stockés dans une base de données nationale. Un comité d’experts valide la qualité phonétique et linguistique avant intégration dans les corpus d’entraînement.

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