Bénin : l’armée s’est dotée d’aéronefs, de drones et de véhicules blindés auprès de la Chine, des États-Unis et de la France

Bénin : l'armée s’est dotée d’aéronefs, de drones et de véhicules blindés auprès de la Chine, des États-Unis et de la France

Crédit Photo : leparakois

Au Bénin, l’armée s’est dotée d’aéronefs, de drones et de véhicules blindés auprès de la Chine, des États-Unis et de la France.

Et pour cause, le pays veut lutter contre une poussée djihadiste venue d’un Sahel central en décomposition.

 Attaqué depuis ses frontières nord, le pays riposte via son armée et des actions sociales. Une approche confirmée ces derniers jours par le gouvernement qui mérite le soutien de ses partenaires.

Ci-dessous, l’analyse d’Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe (IPSE) :

« Cela fait trois ans que le nord du Bénin subit de plein fouet l’effondrement sécuritaire des Etats de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali, Niger, Burkina-Faso). L’Index mondial du terrorisme 2025 confirme cette tendance. 

Le Sahel concentre 50 % des victimes mondiales liées au terrorisme. Le Burkina Faso est devenu le pays le plus touché au monde. Le Niger, quant à lui, a vu doubler le nombre de ses victimes. La liberté d’action des groupes djihadistes y est quasi-totale. Le terrorisme se répand comme les métastases à toute la région et menace les pays côtiers du Golfe de Guinée.

Le Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, opère depuis les parcs forestiers du complexe W-Arly-Pendjari (WAP) à cheval sur les frontières du Bénin, du Niger et du Burkina Faso. Depuis décembre 2021, des dizaines d’attaques ont été recensées. Pour l’heure, les djihadistes agissent principalement en périphérie mais tentent de s’implanter dans les communautés locales.

Riposte militaire. Porto-Novo n’entend pas céder du terrain. Depuis janvier 2022, l’opération Mirador mobilise près de 3000 soldats béninois pour sécuriser les frontières nord. Près de 5000 militaires supplémentaires ont été recrutés. Objectif : atteindre un effectif total de 15 000 soldats d’ici 2026. Le budget de la défense a lui augmenté de 60 % entre 2022 et 2024.

Le Bénin s’est doté d’aéronefs, de drones et de véhicules blindés, acquis auprès de la Chine, des États-Unis et de la France. L’appui international se traduit également par des formations, du renseignement et du soutien logistique. L’armée collabore aussi avec les rangers de l’African Parks Network, qui gère et sécurise les zones forestières frontalières. Les attaques ne vont pas cesser du jour au lendemain, mais la volonté de contenir la poussée djihadiste est indéniable.

La stratégie béninoise comprend aussi un volet civil et social. On le sait, les groupes armés exploitent les conflits ethniques et la pauvreté. Le gouvernement mobilise ainsi des cellules civilo-militaires pour des actions concrètes : soins vétérinaires, santé, éducation, infrastructures. Le ministère du développement et la direction des actions civilo-militaires interviennent désormais dans une vingtaine de communes exposées.

À ces actions s’ajoutent des programmes menés avec des ONG comme Acting for Life, qui soutiennent la formation professionnelle et l’insertion des jeunes dans la Donga, la Takon ou la Pendjari.

Ainsi, le Bénin tente d’éviter le piège d’une approche tout-sécuritaire. Cotonou reste quand même exposée du fait de l’indigence hostile des Etats de l’AES et de l’absence de coopération inter-frontalière. La France doit poursuivre son soutien à cet État ami et allié, pour la stabilisation de la région et par extension celle de l’Europe ».

Continuez la discussion en temps réél !
Rejoignez notre chaîne WhatsApp