Au Bénin, le gouvernement vient d’autoriser la création d’une agence dédiée à l’enseignement à distance, donc de cours en ligne.
Réuni mercredi 17 décembre 2025 sous la présidence de Patrice Talon, le Conseil des ministres a approuvé les statuts de l’Agence béninoise de télé-enseignement. Cette structure aura pour mission de déployer des dispositifs d’apprentissage numérique à travers tout le système éducatif national.
Le Secrétariat général du Gouvernement précise que l’agence interviendra dans trois segments. D’abord l’enseignement maternel et primaire. Ensuite le secondaire et le technique, formation professionnelle incluse. Enfin le supérieur.
La mise en œuvre débutera dès la rentrée académique 2026-2027 dans les universités et établissements d’enseignement supérieur, avant une extension progressive aux autres niveaux.
Le compte-rendu officiel évoque « l’urgence de moderniser les méthodes d’apprentissage, d’enrichir les contenus pédagogiques, de renforcer l’encadrement des apprenants et de garantir une plus grande équité d’accès à un enseignement de qualité ».
L’agence devra s’appuyer sur des partenariats stratégiques avec des institutions nationales et internationales pour mutualiser les meilleures pratiques.
Cette orientation répond aux défis d’accessibilité qui caractérisent actuellement le secteur éducatif béninois. Les zones rurales demeurent sous-équipées en infrastructures scolaires. Les effectifs pléthoriques dans certaines classes urbaines compromettent la qualité de l’encadrement pédagogique. Le télé-enseignement pourrait atténuer ces déséquilibres géographiques et démographiques.
La phase initiale dans l’enseignement supérieur servira de terrain d’expérimentation. L’agence testera différents formats avant leur généralisation. Les dispositifs seront ajustés au fur et à mesure. Bref, il s’agit d’avancer prudemment avant d’étendre le modèle à l’ensemble du système.
L’agence aura également pour rôle de consolider les infrastructures technologiques existantes. Le Bénin dispose déjà d’un réseau de fibre optique en expansion et d’une couverture mobile correcte dans les grands centres urbains. Ces acquis faciliteront le déploiement des plateformes d’apprentissage en ligne. De nouvelles infrastructures seront créées là où les connexions restent insuffisantes.
Le volet formation occupe une place centrale dans ce projet. Les enseignants recevront un accompagnement technique pour s’approprier les nouveaux outils pédagogiques. Les apprenants bénéficieront également d’une assistance pour naviguer sur les plateformes numériques. Cette double approche vise à réduire la fracture numérique entre générations et entre régions.
Selon la communication du Conseil, cette première phase « constituera un jalon » dans la transformation numérique du système éducatif béninois. Les ministres concernés ont reçu instruction de prendre les dispositions nécessaires au démarrage effectif de la structure. Les textes d’application devraient être publiés dans les prochaines semaines.
Le Bénin rejoint ainsi d’autres pays africains qui ont investi dans l’enseignement à distance. Le Rwanda a lancé sa plateforme nationale dès 2020.
Le Sénégal développe actuellement un dispositif similaire dans les universités publiques. La Côte d’Ivoire expérimente des cours en ligne dans certaines filières techniques. Ces expériences régionales offrent des points de comparaison utiles.
L’agence devra néanmoins résoudre plusieurs difficultés pratiques. L’accès à l’électricité reste irrégulier dans certaines zones du pays. Le coût des équipements informatiques demeure élevé pour les ménages modestes. La maintenance des serveurs et des plateformes exige des compétences techniques pointues. Ces contraintes opérationnelles nécessiteront des investissements conséquents.