L’immobilisation « aussi longtemps que nécessaire » des quelque 200 milliards d’actifs de la Russie placés en Europe est « une décision majeure » prise par l’UE, a estimé le chef de la diplomatie française alors que les 27 Etats membres de l’Union européenne doivent entériner une décision en ce sens vendredi.
Au début de la guerre de la Russie en Ukraine, ces actifs russes ont été immobilisés pour une durée de 6 mois, renouvelables tous les 6 mois, à condition que tous les 27 pays européens soient d’accord.
« Ce qui suppose que si un pays s’y oppose, la Russie pouvait à tout moment récupérer ses sommes« , a expliqué Jean-Noël Barrot sur France Info. « Ce que nous voulons, c’est la sécurité pour l’Europe et les Européens« .
« C’est l’objectif de la décision que nous prenons aujourd’hui, qui est une décision majeure, qui va sans doute infléchir le cours de cette guerre et accélérer la paix« , a-t-il dit.
Selon lui, ces actifs seront immobilisés « jusqu’à ce que la Russie cesse sa guerre d’agression et verse des réparations à l’Europe« .
Elle permettra d’éviter que « d’autres que les Européens » décident à la place des Européens « du sort de la destination de ces sommes », a également souligné le ministre français, en référence au fait que l’administration américaine de Donald Trump ait envisagé d’utiliser ces avoirs pour des investissements qui profiteraient aux entreprises américaines.
Cette immobilisation sans limite de temps permet d’envisager de nouvelles aides pour l’Ukraine, « y compris la constitution d’un paquet de financements qui est en train d’être discuté intensément à Bruxelles qui pourrait aboutir à la fin de la semaine prochaine à mettre l’Ukraine à l’abri de toute difficulté pendant au moins 2 ans, si toutefois la guerre devait se poursuivre », a également commenté Jean-Noël Barrot.
Techniquement, les 27 pays de l’UE ont décidé jeudi de pérenniser les sanctions contre Moscou qui servent de base à leur immobilisation, avait annoncé jeudi la présidence danoise de l’UE. La décision doit être confirmée vendredi à l’issue d’une procédure écrite.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 se réuniront ensuite en sommet à Bruxelles le 18 décembre pour discuter de leur plan de financement de l’Ukraine, avec l’utilisation éventuelle des avoirs russes gelés en Europe.
Jusqu’ici, les Européens butent sur l’opposition de la Belgique, où se trouve l’essentiel de ces avoirs de la Banque centrale russe.
En l’absence pour l’heure de garanties très solides de la part des autres pays de l’UE, le Premier ministre belge Bart De Wever refuse que son pays soit le seul à payer les pots cassés en cas de problème.
Avec AFP