L’Ouganda envisage une restructuration profonde de son secteur aérien, surtout dans l’aviation civile. C’est en ce sens que le ministère ougandais des Travaux publics et des Transports a reçu jeudi 13 novembre 2025 un rapport de l’Uganda Civil Aviation Authority recommandant la séparation des fonctions de régulation et des opérations aéroportuaires. Cette proposition vise à créer une entité autonome chargée de gérer les infrastructures, tandis que l’UCAA se concentrerait sur ses missions de contrôle.
Le rapport préconise une division claire des responsabilités. L’autorité de l’aviation civile conserverait la réglementation, la sécurité, les services de navigation aérienne, la régulation économique des redevances et la protection des consommateurs. Une nouvelle agence aéroportuaire prendrait en charge la gestion opérationnelle des installations d’Entebbe et des autres plateformes du pays. Bref, deux structures distinctes plutôt qu’un organisme exerçant des fonctions contradictoires.
Cette configuration existe déjà au Maroc et au Kenya. Les experts estiment qu’une séparation permettrait de réduire les conflits d’intérêts inhérents au cumul des fonctions de régulateur et d’opérateur. Une autorité exclusivement régulatrice renforcerait la transparence et la crédibilité institutionnelle. Un gestionnaire aéroportuaire indépendant gagnerait en efficacité et en flexibilité pour planifier les investissements sans interférence avec les missions de contrôle.
La réforme intervient dans un contexte de croissance soutenue du trafic aérien ougandais. Entebbe International Airport a enregistré en août 2025 son record mensuel avec 243 089 passagers internationaux, soit une moyenne de 7 841 voyageurs par jour. Ce chiffre surpasse le précédent sommet établi en juillet 2025. Sur les six premiers mois de l’année, l’aéroport a traité 1 133 366 passagers internationaux, marquant une hausse de 4,3 % pour les arrivées et de 7,6 % pour les départs par rapport à la même période en 2024.
Le fret affiche également une progression constante. En août 2025, l’aéroport a traité 5 257 tonnes métriques de marchandises, dont 3 247 tonnes à l’exportation et 2 010 tonnes à l’importation. Les produits frais dominent les exportations : poissons, fruits, légumes, fleurs. Enfin, l’or figure aussi parmi les marchandises acheminées par voie aérienne, contribuant aux recettes en devises du pays.
Plusieurs facteurs expliquent cette dynamique. Uganda Airlines a étendu son réseau avec des liaisons directes vers Mumbai, Lagos, Abuja et Londres Gatwick. De nouveaux opérateurs comme Kush Air et Premier Airlines desservent désormais Juba depuis décembre 2024. Flynas a lancé en janvier 2025 des vols directs entre Riyad et Entebbe. Les conférences internationales attirent des délégués par milliers. Le championnat d’Afrique des nations de football CHAN 2024, les réunions préparatoires pour la Coupe d’Afrique des nations 2027 et le Forum des juges africains ont généré un afflux de visiteurs.
Le gouvernement ougandais espère que la séparation des fonctions attirera davantage d’investisseurs dans le secteur aérien. Une gestion aéroportuaire autonome faciliterait la modernisation des infrastructures, améliorerait la qualité des services et optimiserait les opérations. Les investissements deviendraient plus prévisibles avec un gestionnaire dédié aux impératifs commerciaux plutôt qu’aux obligations réglementaires.
La presse locale indique que les détails de mise en œuvre seront publiés dans les prochaines semaines. Le calendrier précis reste inconnu. Le rapport de l’UCAA constitue une recommandation soumise au ministère, qui doit encore l’examiner avant toute décision définitive. La création d’une nouvelle agence nécessitera probablement une modification législative et des arbitrages budgétaires pour financer sa structure administrative.
L’Ouganda suit ainsi une tendance observée dans l’aviation civile dans plusieurs pays africains qui ont opté pour cette séparation fonctionnelle.