Une déferlante dorée vient balayer les sables africains. Avec la forte augmentation des prix de l’or, un trésor inespéré s’annonce pour certains pays africains. Néanmoins, cette manne n’est peut-être qu’un mirage d’apparence.
Dans les entrailles cuprifères du Ghana, de l’Afrique du Sud ou du Mali, les filons se parent désormais d’un éclat singulier.
A 2400 dollars l’once, le prix stratosphérique actuel de l’or promet des retombées exceptionnelles pour ces pays africains.
Car cette envolée boursière se mue en prémices d’un déluge économique. D’abord, les réserves en devises étrangères de ces nations vont gonfler au rythme des exportations. Une transfusion vitale pour apaiser les dettes et la spéculation monétaire.
Puis, les fiscs nationaux vont se remplir comme par magie des redevances versées par les majors extractrices.
Au Zimbabwe, au Burkina Faso ou en Tanzanie, ce sont 18% des recettes étatiques qui pourraient être injectées des bienfaits du métal jaune.
Enfin, le précieux lingot ouvrira les vannes de l’investissement dans ces pays chancelants. Écoles, routes, barrages… Les trésors d’or serviront à fortifier les infrastructures rongées, promesse de développement futur.
Mais ce rayonnement est un leurre qui menace de brûler les ailes des espoirs africains. Car l’or recèle aussi son envers maudit, l’ombre de son éclat aveuglant.
D’abord, la hausse subite des réserves de change pourrait provoquer une tempête inflationniste incontrôlable si les banquiers centraux ne parviennent pas à la juguler à temps.
Ensuite, la malédiction du « syndrome hollandais » pourrait bien frapper ces pays trop dépendants d’une seule ressource.
Leurs monnaies flamberaient, sapant leur compétitivité pour exporter autre chose que des lingots.
Pire encore, ces ruées vers l’or dopées par les cours records attiseront l’orpaillage criminel déjà endémique, dévorant forêts et lois au passage dans une frénésie destructrice.
Ainsi va le destin des pays nantis quand la fortune frappe à leur porte. Ce flot doré qui devait les sauver pourrait bien, à l’inverse, les aveugler jusqu’à la noyade économique. Un bien triste paradoxe pour ces terres tant convoitiées.
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