Attentat de Moscou : le Kremlin refuse de commenter la revendication de l’EI

Turquie suspects

Crédit Photo : Huffington Post

Le Kremlin a refusé ce lundi 25 mars 2024, de commenter la revendication du groupe jihadiste État islamique (EI) de l’attentat près de Moscou, qui a fait au moins 137 morts, tant que l’enquête est en cours, tandis que les recherches dans les décombres continuent.

Ce week-end, Vladimir Poutine et ses puissants services de sécurité, le FSB, n’avaient pas non plus mentionné d’implication jihadiste, évoquant de concert une piste ukrainienne vigoureusement démentie par Kiev et les Occidentaux.

Le président russe, qui ne s’est exprimé à Moscou que dans une brève allocution samedi, doit avoir une réunion plus tard dans la journée avec des responsables sécuritaires et politiques.

Il n’a en revanche pas prévu de se rendre au Crocus City Hall, théâtre de la pire attaque connue par la Russie depuis une vingtaine d’années et la plus meurtrière revendiquée par l’EI sur le sol européen.

Questions en suspens

Trois jours après le drame, de nombreuses questions restent en suspens, notamment sur l’identité et les motivations des quatre principaux suspects.

Ces derniers, dont au moins un est originaire du Tadjikistan en Asie centrale, ont déjà été placés en détention provisoire jusqu’au 22 mai. Ils encourent une peine de prison à perpétuité.

Après de brèves audiences, trois autres suspects ont été placés lundi en détention provisoire jusqu’à la même date. Selon l’agence de presse Ria Novosti, il s’agit d’un père et de deux de ses fils, dont l’un, né au Tadjikistan, a la nationalité russe.

Les autorités russes avaient annoncé samedi avoir arrêté au total onze personnes et n’ont pas confirmé dans l’immédiat que ces trois suspects en faisaient partie.

La nationalité tadjike confirmée d’au moins un des assaillants a poussé lundi le président du Tadjiskistan Emomali Rakhmon à appeler « les parents à accorder une fois de plus une attention encore plus grande à l’éducation des enfants« , selon les agences de presse russes.

  » Moscou, enquête en cours »

Interrogé par la presse sur l’enquête, Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine, n’a pas apporté plus de détails.

« L’enquête est en cours et l’administration présidentielle aurait tort de faire des commentaires sur le déroulement de l’enquête« , a-t-il simplement dit à la presse.

Le groupe Etat islamique, que la Russie combat en Syrie et qui est actif dans le Caucase russe, a revendiqué l’attentat mais les autorités russes ont affirmé que les tueurs présumés tentaient de rejoindre le territoire ukrainien après l’attaque.

Kiev, qui fait face à un assaut des troupes russes depuis février 2022, a nié tout « lien avec l’incident ». Les États-Unis ont également rejeté la version du président russe.

Au Crocus City Hall, les enquêteurs ont déblayé « 90% des décombres » dans la salle de concert, ravagée par un gigantesque incendie déclenché par les assaillants, a affirmé le ministère des Situations d’urgence, cité par l’agence TASS.

Le nombre des blessés s’élève à 182, dont 97 étaient encore hospitalisés lundi, d’après les autorités.

Dmitri Peskov n’a pas non plus voulu commenter les allégations de torture des suspects, apparues après la parution de vidéos sur les réseaux sociaux et de photos les faisant apparaître le visage ensanglanté.

Une autre vidéo, diffusée sur internet et dont l’authenticité n’a pas été confirmée, semble montrer l’un des suspects en train se faire sectionner l’oreille par une personne se trouvant hors champ.

Au cours de l’audience des suspects dans un tribunal de Moscou dimanche soir, l’un d’eux avait un bandage blanc à l’oreille tandis qu’un autre est arrivé dans une chaise roulante, les yeux fermés.

 « Impuissance » et « échec »

Une des figures de l’opposition russe en exil, Léonid Volkov, a dénoncé lundi une tentative des services de sécurité russes de « détourner l’attention de (leur) impuissance et de (leur) échec » en montrant ces vidéos.

Malgré ses promesses de sévère punition, le camouflet reste important pour Vladimir Poutine.

L’attentat est survenu quelques jours à peine après sa réélection sans opposition pour six ans, alors qu’il avait promis la sécurité à ses concitoyens en pleine recrudescence des attaques en provenance d’Ukraine sur le sol russe.

La lutte contre le terrorisme « nécessite une coopération internationale totale », a estimé lundi Dmitri Peskov, mais celle-ci « n’existe pas du tout ».

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui assuré avoir proposé à Moscou « une coopération accrue » sur le sujet, précisant que la branche de l’EI « impliquée » dans l’attaque de vendredi avait mené ces derniers mois « plusieurs tentatives » sur le sol français.

 Avec AFP

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