Assassinés, emprisonnés, exilés : voici le sort des opposants à Poutine

Assassinés, emprisonnés, exilés voici le sort des opposants à Poutine

Crédit Photo : AFP

Après l’annonce ce vendredi 14 février 2024 du décès de l’opposant Alexeï Navalny dans une prison de l’Arctique, retour sur la répression qui a frappé les détracteurs du président russe Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000.

Mort en prison

Pourfendeur numéro un de Vladimir Poutine pendant plus d’une décennie, Alexeï Navalny a été harcelé, empoisonné et incarcéré. Il est finalement mort selon les autorités à 47 ans dans une colonie pénitentiaire de l’Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme ».

Ancien avocat moscovite, ce militant anti-corruption avait été victime en 2020 en Sibérie d’un grave empoisonnement qu’il attribuait au Kremlin, ce que ce dernier a toujours démenti.

A son retour en Russie en janvier 2021 après une convalescence en Allemagne, il avait été immédiatement arrêté et son organisation anti-corruption FBK fermée pour « extrémisme ».

Assassinés

Ancien vice-Premier ministre, pressenti un temps pour succéder au président Boris Eltsine face à Vladimir Poutine, Boris Nemtsov était devenu dans les années 2000 un détracteur majeur du président russe.

Moins d’un an après s’être opposé à l’annexion de la Crimée, Nemtsov est assassiné en février 2015 de quatre balles dans le dos sur un pont à quelques mètres du Kremlin. Il avait 55 ans.

Ses soutiens ont accusé le satrape tchétchène Ramzan Kadyrov d’avoir donné l’ordre, ce qu’il nie. Cinq Tchétchènes ont néanmoins été condamnés pour ce meurtre, sans que le commanditaire n’ait jamais été officiellement identifié.

Dix ans plus tôt, en octobre 2006, Anna Politkovskaïa avait été abattue dans le hall de son immeuble à Moscou. Cette journaliste à Novaïa Gazeta, principal média indépendant du pays, avait documenté et dénoncé pendant des années les crimes de l’armée russe en Tchétchénie.

Emprisonnés

D’autres critiques se sont retrouvés en prison ou risquent de l’être, comme Oleg Orlov, figure de la défense des droits humains et de l’emblématique ONG Memorial, dont un nouveau procès s’est ouvert vendredi à Moscou. Il encourt jusqu’à cinq ans de prison pour ses dénonciations répétées de l’offensive militaire en Ukraine.

Opposant de longue date, Vladimir Kara-Mourza, 42 ans, dit avoir survécu par le passé à deux empoisonnements. En avril 2023, il a été condamné à 25 ans de prison pour avoir diffusé de « fausses informations » sur l’armée russe lors d’un procès à huis clos. Il purge sa peine en Sibérie.

En avril aussi, Ilia Iachine, 39 ans, a été condamné en appel à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé « le meurtre de civils » dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kiev, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou.

Accusée d’avoir « créé une organisation extrémiste », Ksenia Fadeïeva, 31 ans, ancienne députée alliée d’Alexeï Navalny a aussi été condamnée fin 2023 à neuf ans de prison.

En juin 2023 déjà, Lilia Tchanycheva, première collaboratrice de M. Navalny à être jugée pour création d’une « organisation extrémiste » avait écopé de sept ans et demi de prison.

Exilés

La plupart des principaux opposants restés en Russie sont emprisonnés. Les autres ont fui ou bien se sont exilés, comme l’ancien champion d’échecs Garry Kasparov.

Mikhaïl Khodorkovski, ancien magnat du pétrole, a passé dix ans en prison après s’être opposé à M. Poutine au début des années 2000. Depuis sa libération en 2013, l’ex-oligarque est réfugié à Londres d’où il finance des plateformes d’opposition.

Beaucoup de partisans de M. Khodorkovski, mais aussi d’Alexeï Navalny, ont quitté la Russie depuis 2021, année qui a marqué une forte accélération de la répression, encore accentuée depuis l’offensive en Ukraine.

Moscou fait aussi monter la pression sur les dissidents en exil. Une enquête a été ouverte en février en Russie, contre l’écrivain Boris Akounine, exilé depuis 2014 à Londres, pour « diffusion de fausses informations » sur l’armée et « appel au terrorisme ».

« Agents de l’étranger »

Les opposants risquent une autre punition : être désignés « agents de l’étranger ».

Cette étiquette a été accolée à des centaines de personnes, militants des droits humains, opposants ou journalistes. Ce fut le cas en février d’Oleg Orlov et auparavant, de l’ex-Premier ministre exilé Mikhaïl Kassianov et du rédacteur en chef de Novaïa Gazeta, Dmitri Mouratov.

Pilier de la défense des droits humains en Russie, l’ONG Memorial, co-lauréate du Prix Nobel de la Paix 2022, a été dissoute par la justice russe fin 2021 pour avoir violé la loi sur les « agents de l’étranger », qui impose de strictes contraintes administratives.

La justice russe a aussi ordonné à plusieurs reprises la dissolution d’associations aux opinions critiques au motif d’avoir organisé en Russie des évènements en dehors de leur « zone d’activité » géographique. Ce fut le cas en août de l’association Centre Sakharov et précédemment du Groupe Helsinki de Moscou et du Centre Sova.

© Agence France-Presse

Suivez-nous via notre canal Telegram pour ne rien rater de l’actualité.