La commissaire camerounaise Koyo Kouoh a été nommée première femme africaine à diriger la Biennale de Venise, l’une des expositions d’art contemporain les plus importantes au monde.
La femme de 57 ans dirige depuis 2019 le Zeitz Museum of Contemporary Art Africa (Zeitz MOCAA) au Cap et sera la commissaire de la prochaine biennale en 2026.
Le président de la Biennale, Pietrangelo Buttafuoco, l’a saluée ce mardi 3 décembre 2024 comme une « conservatrice, une universitaire et une personnalité publique influente » qui apporterait les « intelligences les plus raffinées, jeunes et perturbatrices » à l’exposition tentaculaire vieille de 130 ans, qui attire des centaines de milliers d’amateurs d’art dans la ville italienne tous les deux ans.
Avant de diriger Zeitz MOCAA, le plus grand musée d’art contemporain d’Afrique, Kouoh a fondé la société RAW Material à Dakar, au Sénégal. Elle a grandi entre la ville côtière de Douala, au Cameroun, et la Suisse.
Kouoh a déclaré que c’était un « honneur unique dans une vie » d’être invité à diriger « ce site mythique pour sentir le pouls de l’air du temps ».
Elle a dit qu’elle espérait que son émission « aurait un sens pour le monde dans lequel nous vivons actuellement et surtout, pour le monde que nous voulons créer ».
Panafricaniste
Deuxième Africain seulement à diriger la Biennale après le regretté critique d’art nigérian Okwui Enwezor, qui en a pris les rênes en 2015, Kouoh est un champion du panafricanisme.
Elle s’impose rapidement au Cap avec une programmation audacieuse qui met en valeur les œuvres d’artistes du continent et de sa diaspora.
« L’Afrique est pour moi une idée qui dépasse les frontières. C’est une histoire qui dépasse les frontières », a déclaré Kouoh à l’AFP l’année dernière.
« Les Américains n’aiment pas entendre cela, mais je leur dis toujours que l’Amérique est un autre pays africain. »
Le Brésil, Cuba et Haïti pourraient également être considérés comme faisant partie du continent africain, a-t-elle soutenu.
« L’influence de la diaspora africaine aux États-Unis est indéniable. C’est pourquoi j’aime parler des géographies noires, plus que des diasporas africaines. Où la culture noire, les corps noirs, les Noirs ont influencé la société », a-t-elle déclaré.
La Biennale a déclaré que Kouoh avait été nommé « sur la recommandation » de Buttafuoco, un intellectuel sicilien, nommé à la tête du conseil d’administration de Venise avec le soutien de la Première ministre italienne d’extrême droite Giorgia Meloni.
© AVEC AFP