C’est la fin d’une longue collaboration entre Arsenal et le Rwanda. Le logo « Visit Rwanda » disparaîtra donc des maillots d’Arsenal en juin 2026.
L’annonce a été faite ce mercredi 19 novembre 2025 par le Rwanda Development Board et le club londonien. Huit années de collaboration prennent fin. Un accord lancé en 2018 qui avait fait du Rwanda le premier sponsor de manche des Gunners.
Les deux parties affirment avoir atteint les objectifs fixés au départ. Jean-Guy Afrika, directeur général du Rwanda Development Board, déclare que le partenariat « a ouvert de nouvelles voies pour les offices de tourisme du monde entier, en générant notoriété et visiteurs à un rythme que les campagnes traditionnelles ne pourraient jamais égaler ».
Les chiffres semblent lui donner raison. Les recettes touristiques ont grimpé à 650 millions de dollars en 2024, contre environ 440 millions en 2017. Une progression de 47 % sur la période. Le pays a accueilli 1,3 million de visiteurs l’année dernière.
Le contexte géopolitique a pourtant pesé lourd. Début février 2025, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner avait adressé une lettre aux dirigeants d’Arsenal. Elle demandait l’arrêt du partenariat en raison du soutien présumé du Rwanda aux rebelles du M23 dans l’est de la République démocratique du Congo. Kigali nie toute implication militaire. Les tensions persistent malgré la signature d’une feuille de route le 15 novembre à Doha entre le gouvernement congolais et le M23.
Un collectif de supporters baptisé « Gunners for Peace » s’était mobilisé contre le contrat. Le Bayern Munich avait déjà cédé aux pressions de ses fans en réduisant drastiquement sa collaboration avec Visit Rwanda en août dernier. À Paris, une pétition a recueilli plus de 75 000 signatures contre le partenariat du PSG avec la marque rwandaise. Sans effet. Le club parisien a renouvelé son accord jusqu’en 2028.
Officiellement, personne ne parle de rupture forcée. Richard Garlick, directeur général d’Arsenal, salue un partenariat qui a « aidé à renforcer nos ambitions dans un modèle durable ». La porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo affirme simplement que « ce partenariat a atteint l’ensemble des objectifs ». Bref, un divorce à l’amiable sur le papier.
Kigali réoriente sa stratégie de visibilité. Le pays a signé en septembre 2025 des accords pluriannuels avec les Los Angeles Clippers en NBA et les Los Angeles Rams en NFL. Une première pour une marque touristique africaine sur ces deux ligues majeures. Le logo Visit Rwanda apparaît désormais sur les maillots des Clippers et sur les écrans géants du SoFi Stadium lors des matchs des Rams. Ces partenariats américains visent un public au pouvoir d’achat élevé.
L’Atlético de Madrid continue également d’afficher la marque rwandaise. Le Paris Saint-Germain reste engagé malgré les polémiques. Le portefeuille sportif du Rwanda couvre ainsi trois continents. Une diversification qui répond aux objectifs de la deuxième Stratégie nationale de transformation présentée par le Premier ministre Justin Nsengiyumva devant le Parlement.
Cette stratégie, connue sous le sigle NST2, fixe un cap ambitieux : atteindre 1,1 milliard de dollars de recettes touristiques annuelles d’ici 2029. Le tourisme et les voyages représentaient 9,8 % du PIB rwandais en 2024 selon les estimations du Conseil mondial du voyage et du tourisme. Kigali veut renforcer cette contribution en développant le tourisme d’affaires, les conférences et l’événementiel sportif.
Le gouvernement prévoit aussi de doubler le nombre de passagers transportés par RwandAir. Les travaux du nouvel aéroport international de Bugesera doivent accélérer. Enfin, une source consultée par La Tribune Afrique résume la position des autorités : « les relations construites ne disparaissent pas avec la fin de l’accord ». Le Royaume-Uni restera un marché prioritaire pour le tourisme rwandais. L’ambassade à Londres continuera d’activer les réseaux bâtis durant ces huit années.
Le président Paul Kagame, fervent supporter d’Arsenal, n’a pas publiquement commenté la séparation. Le dirigeant rwandais assiste régulièrement aux matchs du club à l’Emirates Stadium. Son attachement personnel au club londonien avait contribué à sceller ce partenariat inhabituel entre un pays d’Afrique de l’Est et l’une des franchises les plus célèbres du football européen.
Les marchés américain et espagnol deviennent donc les nouveaux terrains de jeu pour la diplomatie sportive rwandaise. Un repositionnement géographique qui accompagne une ambition économique : hisser le pays au statut de nation à revenu intermédiaire supérieur d’ici 2035 selon la Vision 2050. Le sport professionnel reste l’outil privilégié pour porter ce message au-delà des frontières africaines.