La France trône comme deuxième exportateur mondial d’armes, selon le rapport annuel sur le commerce des équipements militaires par le très sérieux Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) publié ce lundi 10 mars 2025.
Les ventes françaises représentent 9,6 % du total du marché mondial, soit plus que la Russie (7,8 %) mais très loin des Etats-Unis, incontestables numéros un (43 %).
Cette deuxième place peut avoir des allures de paradoxe, quand, dans le même temps, l’armée nationale déplore régulièrement un manque de budget et d’armement.
Selon un rapport de la commission défense de l’Assemblée nationale, publié en février 2023, les stocks seraient au plus bas et ne permettraient pas de tenir au-delà de quelques semaines en cas de conflit « dur ».
Deux ans plus tard, un autre rapport de l’Institut français des relations internationales (Ifri) estimait que la flotte aérienne française ne tiendrait pas plus de trois jours dans un conflit armé.
En 2024, le ministre des armées Sébastien Lecornu prévoyait la production annuelle de 100.000 obus de 155 millimètres, la munition préférentielle dans les guerres modernes.
Certes, c’est bien plus qu’entre 2012 et 2017 (seulement 6.000 par an), mais en plein conflit, l’Ukraine tire 7.000 obus par jour. De quoi vider le stock annuel français en deux semaines.
Peu d’armes vendues, mais très chers
Ce paradoxe apparent n’en est pas un, à croire Stéphane Audrand, consultant en risques internationaux et officier de réserve. Premièrement, cette seconde place est en trompe-l’œil, et doit beaucoup à l’effondrement des exportations de la Russie, numéro 2 depuis 1950.
Avec le conflit en Ukraine, les armes russes sont utilisées principalement par le pays lui-même, et ne partent plus à l’étranger.