L’armée française fera à nouveau face à d’importants déficits capacitaires les années à venir. Lors des débats au Palais Bourbon sur le budget 2025 de l’État, plusieurs députés ont mis en lumière les dangers qui guettent l’armée.
Malgré la livraison prévue de 42 Rafales supplémentaires dans les cinq prochaines années, l’Armée de l’Air est confrontée à plusieurs défis.
La vente de 24 Rafale d’occasion à la Grèce et à la Croatie, l’envoi anticipé de 6 Mirage 2000-5 en Ukraine en 2025, ainsi que la perte tragique de deux Rafale suite à une collision en vol, compromettent le maintien du seuil des 185 appareils sur la période 2025-2030, sans marge de manœuvre opérationnelle pour compenser ces pertes.
La Marine nationale rencontre des problèmes similaires avec ses frégates et sous-marins. Après l’annulation des cinq dernières FREMM et leur remplacement par les frégates FDI, la Marine a modernisé trois de ses FLF classe Lafayette pour en faire des frégates de premier rang, bien que ces navires ne correspondent pas réellement à cette définition.
Avec seulement 13 frégates théoriques (et 10 effectives) au lieu des 15 prévues par la RS 2022, la Marine ne retrouvera son format minimum qu’en 2027, et n’alignera 15 véritables frégates de premier rang qu’en 2032.
Elle restera également avec seulement 4 ou 5 SNA opérationnels pendant l’essentiel de la LPM. Le format des armées visé par la LPM 2024-2030 est similaire à celui défini il y a plus de dix ans dans le Livre Blanc de 2013.
Pour atteindre cet objectif, un effort de Défense de l’ordre de 2,2% du PIB est nécessaire.
L’armée française adopte un format théorique inadapté aux menaces actuelles
Le format théorique défini en 2013 est aujourd’hui inadapté face à l’évolution des menaces. Basé sur des arbitrages critiqués dès leur conception, ce format a été maintenu malgré des changements géopolitiques majeurs comme l’intervention au Mali et l’invasion russe en Crimée.
La Revue stratégique de 2017 avait pour consigne stricte de respecter ce format déjà insuffisant, privilégiant l’équilibre budgétaire à l’équilibre capacitaire.