En Afrique de l’Ouest, l’AES est devenu le premier « espoir » contre l’insécurité, selon le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Jean Marie Traoré.
Ce dernier a en effet présenté le 12 avril 2025 au Forum diplomatique d’Antalya la vision des dirigeants de l’Alliance des États du Sahel (AES) lors d’un panel consacré à l’avenir de l’intégration régionale au Sahel.
Dans son intervention, le chef de la diplomatie burkinabè a expliqué la genèse de cette alliance créée en septembre 2023 et regroupant le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Il a souligné que la formation de l’AES répondait au constat d’une incapacité de la CEDEAO à apporter des réponses efficaces aux défis sécuritaires de la région.
« Face à l’insécurité et au terrorisme, nos pays ont dû ouvrir les yeux sur leurs véritables besoins, faiblesses et potentialités en matière de coopération », a déclaré Jean Marie Traoré.
Selon lui, cette prise de conscience a conduit à l’élaboration d’une vision confédérale « fondée sur des décisions courageuses et l’exploitation de nos propres ressources ».
Sur le plan économique, le ministre a détaillé l’ambition de l’AES de construire « une véritable relance économique sous-régionale » et de « bâtir des marchés intérieurs dynamiques ».
Il a insisté sur la volonté de développer « une économie endogène, structurée », capable de rayonner dans toute la région.
Concernant la sécurité, Jean Marie Traoré a évoqué la mise en place d’un espace opérationnel unifié entre les trois pays membres, créant selon ses termes « une nouvelle dynamique de solidarité régionale ».
Le ministre a également abordé la question de la gestion des ressources naturelles, affirmant que « nos ressources, telles que l’or ou l’uranium, doivent d’abord profiter à nos populations ».
Il a précisé que malgré l’allocation d’environ 25% des budgets à la sécurité, les États de l’AES maintiennent leurs investissements dans les services sociaux essentiels comme les forages, les écoles et l’alimentation.
À propos de la coopération avec la Turquie, Jean Marie Traoré a indiqué qu’elle ne se limitait pas au domaine militaire mais s’étendait « également au développement et au social ».
Concernant les sanctions imposées par l’Union africaine et la CEDEAO, le ministre a reconnu leur impact sur la participation des pays de l’AES à certaines instances, tout en soulignant qu’elles n’affectaient pas les relations bilatérales. Il a qualifié les coups d’État de « symptômes de problèmes plus profonds » que la CEDEAO aurait abordés « sous un angle déconnecté de la réalité ».
En conclusion de son intervention, Jean Marie Traoré a affirmé que « les populations sahéliennes adhèrent pleinement à ce projet confédéral » car elles y voient « une réponse à leur vécu quotidien », ajoutant qu’il incombe aux dirigeants de « traduire ces aspirations dans les politiques publiques ».