La CEDEAO affirme avoir réalisé des avancées majeures dans la création d’une force anti-terroriste régionale, malgré le départ récent du Burkina Faso, du Mali et du Niger rassemblés dans l’Alliance des États du Sahel (AES).
Ces trois pays ont formé l’Alliance des États du Sahel (AES) et quitté l’organisation ouest-africaine qu’ils accusent d’être sous influence française.
Cette nouvelle donne géopolitique n’empêche pas la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest de poursuivre ses objectifs sécuritaires.
Omar Alieu Touray, président de la Commission de la CEDEAO, s’est montré optimiste lors d’un entretien accordé à France 24 ce mercredi 21 mai 2025.
Selon lui, « les pays ont indiqué qu’ils étaient prêts à contribuer avec des troupes » à cette nouvelle force de défense régionale. Il a également souligné que l’organisation avait « fait beaucoup de progrès » sur ce dossier crucial pour la stabilité de la région.
Cette initiative répond à une urgence particulière : à la recrudescence des attaques terroristes dans la région. Mi-avril 2025, une attaque jihadiste dans le parc du W, situé dans le nord du Bénin, a causé la mort de plus de 50 soldats de l’armée béninoise.
Parallèlement, dans le nord du Nigeria, les assauts meurtriers se multiplient depuis plusieurs mois, touchant même des bases militaires jusqu’alors considérées comme sécurisées.
L’ancien ministre gambien a précisé que les ministres des Finances et de la Défense des pays membres se réuniront avant la mi-juin pour déterminer les sources de financement de cette force régionale. Cette étape financière constitue un enjeu majeur pour concrétiser le projet et assurer son efficacité opérationnelle sur le terrain.
Néanmoins, la division actuelle de l’Afrique de l’Ouest pose des défis considérables. Le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO a créé une fracture géographique problématique, particulièrement dans la lutte contre le terrorisme.
Les trois pays, désormais regroupés dans l’AES, contrôlent une partie significative du Sahel, région qui demeure l’épicentre du terrorisme sur le continent africain.
Omar Alieu Touray a reconnu que ces divisions représentent « une source majeure de préoccupation » pour l’organisation. Il estime que « le manque d’unité rendra difficile notre collaboration pour lutter contre l’insécurité, y compris le terrorisme ». Cette fragmentation risque d’affaiblir l’efficacité des stratégies de sécurité régionales et de créer des zones grises exploitables par les groupes terroristes.
Malgré ces obstacles, le président de la Commission de la CEDEAO maintient un discours d’ouverture vers les pays de l’AES.
Il a exprimé l’espoir qu’une forme de coopération reste possible avec Bamako, Niamey et Ouagadougou, soulignant que « même s’ils ont décidé de rester en dehors de la CEDEAO, il devrait encore y avoir un moyen pour nous de collaborer afin de maintenir la sécurité régionale ».
L’approche s’appuie sur une réalité incontournable : « individuellement, il sera difficile de lutter contre l’insécurité à laquelle nous sommes tous confrontés », a-t-il rappelé.
Les menaces terroristes ne connaissent pas de frontières et nécessitent une réponse coordonnée au niveau régional, indépendamment des divergences politiques.
La CEDEAO espère donc pouvoir mettre en place « rapidement » cette force régionale de lutte contre le terrorisme, tout en gardant la porte ouverte à une collaboration future avec le Burkina Faso, le Mali et le Niger aujourd’hui dans l’AES. L’organisation mise sur l’urgence sécuritaire pour dépasser les clivages politiques et maintenir une forme d’unité ouest-africaine face aux défis communs.