Après le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, la France quitte enfin pour de bon le Sénégal

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Crédit photo : La Nouvelle Tribune

Après le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, la France termine enfin son retrait militaire en Afrique de l’Ouest avec la restitution de ses dernières bases au Sénégal.

Cela marque la fin d’une présence française de plus de 60 ans dans ce pays ouest-africain. Le processus s’achève le 18 juillet 2025 avec la remise des dernières installations militaires françaises.

Avec le Burkina Faso, le Mali, le Niger et le Tchad, un retrait de l’armée de France qui s’accélère depuis 2022 avant le Sénégal

Il faut savoir que le départ français du Sénégal s’inscrit dans un mouvement plus large. Depuis 2022, la France a quitté successivement le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Ce retrait massif change complètement les relations entre la France et l’Afrique de l’Ouest.

L’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, a officiellement annoncé cette restitution lors de la fête nationale française à Dakar.

Elle a précisé que la France restituera « les emprises militaires des Éléments français au Sénégal dans quatre jours ». Cette déclaration fait référence à la base de Ouakam, dernière installation militaire française encore active dans le pays.

La fin des Éléments français au Sénégal

Il faut savoir que les Éléments français au Sénégal (EFS) représentent environ 350 soldats français stationnés dans le pays.

Créés en 2011, ils ont remplacé les Forces françaises du Cap Vert, présentes depuis l’indépendance du Sénégal en 1960.

Le processus de retrait a débuté en mars 2025 avec la restitution de plusieurs installations près du parc de Hann. La station d’émission interarmées de Rufisque a été remise au Sénégal le 1er juillet 2025.

Cette installation assurait les communications militaires françaises sur la façade atlantique sud depuis 1960.

Une décision du nouveau président sénégalais

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a demandé le départ des troupes françaises après son élection.

Son programme électoral mettait l’accent sur la souveraineté nationale et l’indépendance économique vis-à-vis de l’Occident. Il a fixé un calendrier pour un retrait complet « d’ici fin 2025 ».

Cette annonce coïncide avec le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. Cet événement tragique de 1944 reste un symbole des tensions entre la France et le Sénégal.

Entre 35 et 300 soldats africains ont été tués par l’armée française lors de protestations contre leurs conditions de vie et le non-paiement de leurs salaires.

Malgré le retrait des troupes, la France et le Sénégal maintiennent une coopération militaire. L’ambassadrice française a expliqué que le nouveau partenariat s’articulera autour de la formation et de l’interopérabilité des armées française et sénégalaise.

Cette relation sera désormais « fondée sur le respect mutuel et la complémentarité », selon Christine Fages. Un séminaire intergouvernemental est prévu à Dakar avant la fin de l’année pour préciser les contours de cette coopération renouvelée.

Le contexte du retrait français d’Afrique

Le départ du Sénégal s’inscrit dans une stratégie plus large de reconfiguration de la présence militaire française en Afrique. Cette stratégie a été lancée par le président Emmanuel Macron en 2022.

Le retrait français coïncide avec une opposition croissante à l’intervention militaire française dans le Sahel.

Plusieurs coups d’État militaires ont installé des gouvernements défavorables aux intérêts français. Ces nouveaux dirigeants remettent en question les accords de défense hérités de la période coloniale.

La fin de l’opération Barkhane au Sahel et ses conséquences

L’opération Barkhane, lancée en 2014, déployait plus de 5 000 soldats français dans le Sahel. Cette opération visait à combattre les groupes islamistes dans la région. Cependant, elle n’a pas réussi à stabiliser durablement la situation sécuritaire.

Au Mali, l’opération Barkhane a pris fin en août 2022 après le coup d’État militaire de 2021.

Le gouvernement malien a demandé le retrait « sans délai » des troupes françaises. Cette décision faisait suite à des manifestations anti-françaises et à des incidents comme le bombardement du village de Bounti en 2022.

Le Burkina Faso a également rompu ses accords militaires avec la France après le coup d’État de septembre 2022.

Le président Ibrahim Traoré a mis l’accent sur la souveraineté nationale et l’autonomie sécuritaire. Son gouvernement a préféré se tourner vers des entrepreneurs militaires russes plutôt que vers la France.

Au Niger, le coup d’État de 2023 a provoqué des manifestations violentes contre la présence française. Les putschistes ont ordonné le départ de l’ambassadeur français et dénoncé les accords de coopération militaire. La France a fermé son ambassade à Niamey en décembre 2023.

Le Tchad rompt aussi ses accords

Le Tchad, allié traditionnel de la France, a également mis fin à ses accords de défense en novembre 2024. Cette décision a surpris car le pays était considéré comme un partenaire fiable de la France dans la région.

Le gouvernement tchadien a justifié cette rupture par l’obsolescence des accords militaires face aux réalités géopolitiques contemporaines.

La France a achevé son retrait du Tchad en janvier 2025, mettant fin à une présence de plusieurs décennies.

Les nouvelles alliances africaines

Le retrait français ouvre la voie à de nouveaux partenariats pour les pays africains. Plusieurs nations se tournent vers la Chine, l’Inde, les États du Golfe et surtout la Russie pour leurs besoins sécuritaires et économiques.

Cette réorientation s’explique par la recherche d’alternatives à la coopération traditionnelle avec l’Occident. Les nouveaux partenaires promettent souvent des relations plus équilibrées et moins conditionnelles que celles proposées par les anciennes puissances coloniales.

L’impact sur la sécurité régionale

Le retrait français soulève des questions sur l’avenir de la sécurité dans la région. Les groupes islamistes restent actifs au Sahel malgré des années d’intervention militaire française.

En 2021, près de 6 000 personnes sont mortes des suites de violences liées au conflit au Mali, au Burkina Faso et au Niger ; les trois pays qui se sont regroupés dans l’Alliance des États du Sahel (AES).

Les nouvelles autorités africaines devront développer leurs propres capacités sécuritaires ou trouver d’autres partenaires comme le font déjà les pays de l’AES avec la Russie.

Cette transition pourrait créer des instabilités temporaires mais aussi permettre des solutions plus durables et locales.

Avec le départ de la France du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Tchad et du Sénégal, une stratégie en mutation

Face à ces changements, la France adapte sa stratégie africaine. Le rapport Bockel de novembre 2024 préconise un partenariat « renouvelé » et « reconstruit » avec les pays africains. Cette nouvelle approche privilégiera « moins de bases, plus d’écoles » selon le ministère français des Affaires étrangères.

Les nouvelles modalités de présence française prévoient des réductions significatives des effectifs militaires.

Seules les bases de Djibouti et du Gabon semblent épargnées par cette reconfiguration. L’accent sera mis sur la formation, l’éducation et la coopération civile plutôt que sur la présence militaire.

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