Après l’AES, le président de ce pays africain accuse la France de mettre son nez dans les affaires de…

Après l'AES, le président de ce pays africain accuse la France de mettre son nez dans les affaires de...

Crédits photo : Image Source - Freepik / Modifiée par L-Frii Media

Des mois après la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Mali, le Niger et le Burkina Faso, qui a marqué une rupture avec la France, c’est au tour de la Tunisie d’accuser l’ancienne puissance coloniale d’ingérence.

En effet, le président tunisien Kaïs Saïed vient d’ajouter sa voix au concert de critiques visant particulièrement la France.

Le chef d’État tunisien a vivement réagi dans la nuit de lundi à mardi 29 avril 2025 aux critiques formulées par la France, l’Allemagne et les Nations unies concernant la condamnation récente d’opposants politiques à de lourdes peines de prison.

« Les déclarations et communiqués émanant de parties étrangères sont inacceptables et constituent une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de la Tunisie », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec son ministre des Affaires étrangères.

Un contexte différent d’avec l’AES, mais une sortie de la Tunisie similaire contre la France

Cette prise de position intervient après que plusieurs grandes démocraties occidentales ont exprimé leur préoccupation quant au respect des droits humains et de l’État de droit en Tunisie.

Des dizaines de personnalités de l’opposition tunisienne ont récemment été condamnées pour « complot contre la sûreté de l’État », dans ce que les observateurs internationaux qualifient de procès politiques. La France et l’Allemagne, en particulier, ont pointé du doigt l’absence de conditions équitables lors de ces procédures judiciaires.

Dans une réponse teintée d’ironie, le président Saïed a suggéré que « la Tunisie peut aussi envoyer des observateurs auprès de ces parties et leur demander également de modifier leurs législations et d’amender leurs procédures ».

Cette déclaration fait directement référence à l’exclusion des observateurs internationaux, notamment de l’ambassade d’Allemagne à Tunis, lors de la dernière journée d’un procès particulièrement controversé.

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, n’a pas mâché ses mots en affirmant que le processus judiciaire avait été « entaché par des violations du droit à un procès équitable et du droit à une procédure régulière », évoquant de « graves inquiétudes quant aux motivations politiques » derrière ces condamnations.

Cette détérioration des relations entre la Tunisie et ses partenaires occidentaux traditionnels rappelle la situation que connaissent actuellement les pays de l’AES, qui ont rompu leurs liens militaires avec la France pour se tourner vers d’autres partenaires, notamment la Russie. Si le contexte est différent, la rhétorique anti-ingérence présente des similitudes frappantes.

Depuis le coup de force par lequel Kaïs Saïed s’est octroyé les pleins pouvoirs à l’été 2021, suspendant le Parlement et gouvernant par décrets, de nombreuses organisations de défense des droits humains ont alerté sur un recul démocratique dans le pays qui fut le berceau des « printemps arabes » en 2011.

Outre le mégaprocès du « complot », des dizaines de politiciens, d’avocats et de journalistes ont été emprisonnés depuis début 2023 en vertu d’un décret réprimant la diffusion de « fausses nouvelles », dont l’interprétation est jugée très large.

Le haut-commissaire de l’ONU a d’ailleurs exhorté la Tunisie à « mettre fin aux persécutions politiques, détentions, arrestations arbitraires et emprisonnement » de personnalités, et à « respecter tous leurs droits humains, y compris les droits à la liberté d’opinion et d’expression ».

Il a rappelé avec nostalgie que « la Tunisie était un modèle et une source d’inspiration pour de nombreuses nations de la région après la transition politique de 2011 », espérant que le pays « reviendra sur le chemin de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme ».

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