Après la rupture avec la France et la CEDEAO, le Niger ne ralentit pas ; 247 milliards…

Après la rupture avec la France et la CEDEAO, le Niger ne ralentit pas ; 247 milliards...

Crédit Photo : IndustriALL Global Union

Malgré son retrait officiel de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et sa rupture diplomatique avec la France, le Niger poursuit sa stratégie de développement économique comme le montre l’importante somme de 247 milliards dernièrement annoncée pour l’industrie.

Concrètement, le gouvernement nigérien vient d’annoncer un programme d’investissements massifs de près de 247 milliards de francs CFA pour dynamiser son secteur industriel, créer des emplois et réduire sa dépendance extérieure.

À peine trois mois après son retrait définitif de la CEDEAO, effectif depuis fin janvier 2025, le Niger démontre sa volonté de tracer une nouvelle voie économique indépendante.

Le président Abdourahamane Tiani a, en effet, signé le 29 avril 2025 plusieurs décrets accordant des avantages fiscaux à cinq entreprises dans le cadre du Code des investissements, pour un montant cumulé de 246,6 milliards de francs CFA (environ 376 millions d’euros).

Après l’éloignement de la France et la CEDEAO, 247 milliards au Niger pour une diversification des secteurs

Les investissements touchent divers secteurs pour l’économie nigérienne. Ils concernent principalement l’énergie, l’agro-industrie, la fabrication de produits pharmaceutiques et la métallurgie, domaines jugés prioritaires par les autorités pour réduire la dépendance aux importations et créer une base industrielle locale plus solide.

Le plus important des projets, porté par Hunan Xiangfei Wanrun International Trade Niger SARLU, concerne la construction d’un parc industriel dans la commune rurale de N’Dounga, près de Niamey. Avec un investissement de 154,5 milliards de francs CFA, ce complexe devrait générer à lui seul 2 690 emplois permanents dans les domaines de l’agrobusiness, de la transformation et du commerce.

Dans le secteur énergétique, Al Aman International SARL investira 66,8 milliards de francs CFA pour produire de l’électricité à Zabori, dans la région de Dosso, avec une orientation vers les énergies renouvelables. Ce projet, qui créera 23 emplois permanents, s’inscrit dans la stratégie d’amélioration du taux d’électrification du pays.

Réduction de la dépendance extérieure

La société GCM Industrie Niger-SA se lance dans la production de fer à béton et de fil de fer recuit à Niamey, avec un investissement de 13,15 milliards de francs CFA et la création annoncée de 86 emplois.

L’initiative se veut par ailleurs réductrice des importations de matériaux de construction, un secteur traditionnellement dépendant des pays voisins et des partenaires internationaux.

Dans le domaine stratégique de la santé, Hua Hang Kogari Pharmaceutical-SA prévoit une unité de production pharmaceutique à Karma, près de Tillabéri.

Ce projet de 8,7 milliards de francs CFA permettra de fabriquer localement des médicaments essentiels génériques et des consommables médicaux, contribuant ainsi à atténuer la vulnérabilité du pays face aux ruptures d’approvisionnement médical.

Enfin, le secteur des biens de consommation n’est pas en reste avec l’entreprise Aigle d’Afrique SARL, qui investira 3,4 milliards de francs CFA pour produire des détergents à Bartchawal-Hamdallaye, créant 93 emplois permanents.

Une réponse aux défis économiques post-rupture

Il faut savoir que ces investissements surviennent dans un contexte particulier pour le Niger. Après le coup d’État militaire de juillet 2023 qui a porté le général Tiani au pouvoir, les relations avec la France, ancienne puissance coloniale, se sont considérablement détériorées, aboutissant au départ des forces militaires françaises fin 2023.

Parallèlement, le Niger a officialisé son retrait de la CEDEAO en janvier 2025, claquant la porte de cette organisation régionale qui avait imposé de lourdes sanctions économiques au pays après le renversement du président Mohamed Bazoum.

En tout, près de 3 000 emplois permanents devraient être créés à travers ces cinq projets industriels. Pour un pays où le chômage des jeunes constitue un défi majeur, cette initiative représente une opportunité significative de stabilisation sociale et économique.

Le gouvernement nigérien mise aussi sur ces projets pour renforcer sa souveraineté économique et industrielle, dans un contexte où le pays cherche à redéfinir ses partenariats internationaux.

Qui plus est, le développement de capacités de production locale dans des secteurs stratégiques semble être la priorité des autorités, qui voient dans cette industrialisation une façon de réduire l’impact des ruptures diplomatiques récentes avec ses partenaires traditionnels.

Reste à voir si cette dynamique d’investissement pourra se maintenir dans la durée et permettre au Niger de transformer véritablement son tissu économique, dans un pays qui figure parmi les plus pauvres du monde selon les indicateurs de développement humain, et dont l’économie demeure fragile face aux chocs extérieurs et aux défis sécuritaires persistants dans la région sahélienne.

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