Après avoir supprimé l’exemption de visas pour les Algériens détenteurs de passeports diplomatique, la France envisage de nouvelles restrictions dans sa politique migratoire à l’égard de l’Algérie.
En effet, ce mardi 18 mars 2025, la ministre française du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a confirmé que la réduction des visas de travail pour les ressortissants algériens faisait partie des « réponses graduées » envisagées par la France face au refus d’Alger de réadmettre certains de ses citoyens expulsables.
Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays.
« Je pense que ça fait partie des ripostes graduées, effectivement », a déclaré la ministre sur les ondes de RTL, précisant que « la première piste, c’est de regarder le traité de 2007 sur les visas pour ceux qui détiennent des passeports diplomatiques et qui viennent régulièrement en France ».
La ministre a également remis en question la pertinence du traité franco-algérien de 1968, soulignant que « l’Algérie bénéficie aujourd’hui d’exonérations exceptionnelles qui pouvaient se justifier quelques années après les accords d’Evian mais qui ne se justifient plus aujourd’hui ».
Ce traité, héritage direct de la période post-coloniale, accorde aux Algériens un statut particulier en matière de circulation, de séjour et d’emploi sur le territoire français.
Cette position gouvernementale s’inscrit dans le prolongement des propos tenus lundi soir par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a promis une « réponse graduée » après le rejet par l’Algérie d’une liste de ressortissants algériens expulsables.
« Je regrette que l’Algérie refuse d’appliquer le droit international », a-t-il déclaré, faisant référence aux obligations de réadmission des États concernant leurs citoyens en situation irrégulière à l’étranger.
Fin février, le Premier ministre François Bayrou avait déjà menacé de « dénoncer » l’accord de 1968 si l’Algérie ne reprenait pas ses ressortissants en situation irrégulière dans un délai de six semaines.
Une position qui avait alors été nuancée par le président Emmanuel Macron, qui s’était dit « favorable, non pas à dénoncer, mais à renégocier » cet accord.
Le refus de l’Algérie d’accepter le retour de plusieurs de ses ressortissants sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français, dont l’auteur présumé d’un attentat ayant causé un mort à Mulhouse le 22 février dernier, a considérablement aggravé la situation diplomatique entre les deux pays.
Cette nouvelle tension s’ajoute à une dégradation continue des relations franco-algériennes depuis la reconnaissance par Emmanuel Macron, en juillet dernier, du plan d’autonomie sous souveraineté marocaine proposé par Rabat pour le Sahara occidental, territoire dont le statut reste non défini selon l’ONU et qui constitue un sujet particulièrement sensible pour Alger.
Les restrictions potentielles sur les visas de travail pour les Algériens surviennent dans un contexte où la France cherche à renforcer sa politique migratoire tout en préservant des liens historiques complexes avec l’Algérie.
Pour des milliers d’Algériens, ces mesures risquent d’entraver davantage leurs projets professionnels et familiaux en France, pays où vit déjà une importante diaspora algérienne.