Après avoir rompu avec la France, le gouvernement de ce pays du Sahel renoue les liens avec Paris

France Le Maroc

Crédits photo : Collage L-Frii Media

Une rupture totale avec la France n’est pas au rendez-vous pour un État du Sahel. C’est ce qui transparait avec la rencontre entre le ministre tchadien des Affaires étrangères et l’ambassadeur français après le retrait des forces armées françaises du Tchad.

En effet, un mois après le départ du dernier avion militaire français de la base Adji Kossey de N’Djaména, qui a mis fin à 125 ans de présence militaire française sur le sol tchadien, les deux pays amorcent déjà un rapprochement diplomatique.

Concrètement, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères tchadien, Dr Abdoulaye-Sabre Fadoul, a reçu ce vendredi 28 février 2025 l’ambassadeur de France au Tchad, Éric Gérard, pour une audience qui marque la première rencontre de haut niveau entre les deux nations depuis cette rupture historique.

Cette entrevue diplomatique, qui clôture une série de consultations entre les deux pays, se déroule dans un contexte particulier.

Un éloignement entre la France et le pays du Sahel

Le 30 janvier dernier, le départ des derniers militaires français a symbolisé l’aboutissement d’une décision souveraine prise par N’Djaména de mettre fin aux accords militaires de 1978, qualifiés d' »obsolètes » par le président Mahamat Idriss Déby Itno.

Un acte fort qui s’inscrit dans la vague de remise en question des relations entre la France et ses anciennes colonies africaines, après les précédents du Mali, du Burkina Faso et du Niger.

Pourtant, contrairement à ces trois pays sahéliens où la rupture avec Paris s’est accompagnée d’une rhétorique parfois virulente, le Tchad avait d’emblée adopté une approche plus nuancée.

« Nous ne rompons pas nos relations avec la France », avait déclaré le président Déby en annonçant la fin de la coopération militaire. Une position qui se concrétise aujourd’hui à travers cette rencontre ministérielle.

Selon le communiqué du Service presse du ministère tchadien parvenu à nos confrères de l’agence APA, les discussions se sont concentrées sur « les partenariats dans divers secteurs du développement », confirmant la volonté de maintenir des liens économiques et politiques malgré l’évolution du partenariat militaire.

Cette approche s’inscrit dans la vision du chef de l’État tchadien qui place désormais « le partenariat gagnant-gagnant au cœur de sa politique extérieure », une formule devenue le mantra des relations internationales africaines contemporaines.

Cette reconfiguration des relations franco-tchadiennes intervient à un moment charnière pour N’Djaména.

Le pays vient tout juste de tourner la page de sa transition politique avec la tenue des élections sénatoriales cette semaine, marquant officiellement la fin de près de quatre années de gouvernance militaire instaurée après la mort du président Idriss Déby Itno en avril 2021.

Pour Paris, cette reprise de contact diplomatique représente également un signal positif dans un environnement régional de plus en plus hostile à sa présence.

Après les départs forcés du Mali, du Burkina Faso et du Niger, où la France a vu son influence décroître au profit d’autres puissances comme la Russie, le maintien de relations cordiales avec le Tchad, partenaire historique au cœur du Sahel, revêt une importance stratégique considérable.

La présence diplomatique et économique française pourrait ainsi perdurer, malgré la fin de l’ère de la « Françafrique » militaire.

L’avenir dira si ce nouveau chapitre des relations entre la France et Tchad parviendra à établir un modèle de coopération plus équilibré, répondant aux aspirations de souveraineté d’une population africaine de plus en plus critique vis-à-vis des héritages coloniaux. Pour l’heure, cette rencontre diplomatique semble indiquer que, même après les bouleversements les plus profonds, les ponts ne sont jamais totalement rompus entre la France et ses anciennes colonies.

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