Dans un geste marquant une nouvelle étape de sa trajectoire politique, le Tchad a officiellement dissous le Cadre national de concertation politique (CNCP), par décret présidentiel signé ce mardi 15 avril 2025.
Cette décision intervient dans un contexte de profonde reconfiguration des relations du pays avec ses partenaires traditionnels, notamment la France, dont les dernières forces militaires ont quitté le territoire tchadien en janvier dernier.
Retour sur le Cadre national de concertation politique au Tchad
Créé le 3 mars 2023, près de deux ans après la mort du maréchal Idriss Deby Itno et l’arrivée au pouvoir de son fils, le maréchal Mahamat Idriss Deby Itno, le CNCP avait pour mission d’accompagner la transition politique tchadienne.
Une source au ministère de l’Administration du territoire, organe de tutelle de ce cadre, précise que « la fin de la transition marquée par l’organisation des élections présidentielle, législatives et locales a naturellement conditionné la dissolution de cette structure ».
Cette dissolution était attendue par plusieurs formations politiques. Dès le 19 mars 2025, le Mouvement national pour la démocratie et l’alternance au Tchad (MONADAT) avait plaidé en ce sens.
Il estimait que cette mesure constituerait « une opportunité donnée à la classe politique pour repartir sur des bases nouvelles et renouvelées, permettant de mettre fin à une instance devenue obsolète ».
Son président, Mahamat Saleh Ben Malallah, avait alors suggéré que « la création d’un nouveau cadre plus dynamique pourrait revitaliser le paysage politique et encourager un véritable dialogue entre les diverses factions politiques ».
Cette décision s’inscrit dans un mouvement plus large d’affirmation souveraine du Tchad, qui avait surpris la communauté internationale en rompant, fin novembre 2024, ses accords de coopération militaire avec la France, qualifiés d’« obsolètes » et de « surannés » par le président Déby.
La rétrocession de la base Sergent-Adji-Kossei de N’Djamena le 30 janvier 2025 avait définitivement scellé la fin de la présence militaire française au Tchad, après celles des bases de Faya et d’Abéché.
Le Tchad a ainsi rejoint d’autres nations africaines comme le Niger, le Mali, la République centrafricaine et le Burkina Faso qui ont récemment exigé le retrait des forces françaises de leur territoire, marquant un tournant géopolitique majeur dans la région sahélienne.
Cette tendance s’étend désormais jusqu’au Sénégal, qui négocie également le départ des troupes françaises d’ici fin 2025.