Après avoir officialisé le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vient de décrocher un financement substantiel qui pourrait renforcer sa position face aux défis régionaux.
En effet, la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) a annoncé ce 1er mars 2025 la signature d’une ligne de crédit de 100 millions d’euros, soit environ 65,5 milliards de francs CFA, avec la Banque européenne d’investissement (BEI), soutenue par l’Union européenne.
Il faut savoir que cette injection financière s’inscrit dans une enveloppe globale de 150 millions d’euros pour l’initiative climatique régionale.
Selon le communiqué publié par la BIDC, ce partenariat vise à « soutenir le développement économique, l’action climatique et la viabilité environnementale dans l’espace CEDEAO », permettant ainsi de « combler le déficit de financement dans ces domaines et de contribuer à des moyens de subsistance durables et à la réduction de la pauvreté ».
Des milliards qui tombent à point nommé pour la CEDEAO affaiblie par le départ de l’AES
Par ailleurs, l’accord survient à un moment opportun pour l’organisation ouest-africaine. Affaiblie par le départ officiel des trois pays sahéliens de l’AES en janvier dernier, la CEDEAO cherche à redynamiser son action et à démontrer sa pertinence pour les États membres restants.
Ce financement pourrait constituer un élément de réponse face aux critiques formulées par les dirigeants des pays de l’AES, qui reprochaient notamment à l’organisation son manque d’efficacité face aux défis sécuritaires et de développement de la région.
Le fonds sera principalement orienté vers des projets dans trois secteurs stratégiques : les énergies renouvelables, l’agriculture durable et le traitement de l’eau.
Ces domaines représentent des enjeux de taille pour une région particulièrement vulnérable aux effets du changement climatique.
La désertification croissante, l’insécurité alimentaire et les difficultés d’accès à l’eau potable constituent en effet des défis existentiels pour plusieurs pays membres de la CEDEAO, et des facteurs aggravants de l’instabilité politique qui secoue la région.
Cette initiative financière est aussi le signe d’une volonté européenne de maintenir son influence dans une région où d’autres puissances, notamment la Russie et la Chine, gagnent du terrain.
En soutenant concrètement des projets de développement durable au sein de la CEDEAO, l’Union européenne réaffirme son engagement envers un partenariat qu’elle souhaite stratégique avec l’Afrique de l’Ouest.
Pour la BIDC, ce partenariat avec la BEI est une grosse opportunité de renforcer ses capacités d’intervention.
Le déficit de financement pour les projets environnementaux en Afrique de l’Ouest est considérable, estimé à plusieurs milliards de dollars annuels. Cette ligne de crédit, bien que significative, ne constitue qu’une première étape dans la mobilisation des ressources nécessaires pour adapter la région aux conséquences du dérèglement climatique.
Au-delà de l’aspect financier, cette signature intervient dans un contexte où la CEDEAO tente de redéfinir son rôle et son influence après le départ des pays de l’AES.
L’organisation, créée en 1975 pour favoriser l’intégration économique régionale, se trouve aujourd’hui face à des défis qui dépassent largement son mandat initial.
Les questions sécuritaires, migratoires et environnementales exigent des réponses coordonnées que la CEDEAO peine parfois à formuler, ce qui a contribué aux tensions avec les États désormais regroupés au sein de l’AES.
Au final, l’efficacité réelle de ce partenariat dépendra de la mise en œuvre effective des projets financés et de leur impact sur les communautés locales.
Dans une région où la méfiance envers les institutions est parfois prononcée, la CEDEAO et la BIDC devront faire preuve de transparence et d’efficience dans l’utilisation de ces fonds pour regagner la confiance des populations.