Après avoir laissé partir les pays de l’AES, ce pays de la CEDEAO renforce sa coopération avec le pire ennemi du trio

France Le Maroc

Crédits photo : Collage L-Frii Media

Dans un contexte régional marqué par le retrait de trois pays de l’AES, de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le Nigeria redessine sa stratégie de coopération internationale avec la France.

En effet, alors que le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont claqué la porte de l’organisation ouest-africaine pour former l’Alliance des États du Sahel (AES), Abuja intensifie ses relations avec Paris, particulièrement dans le domaine sécuritaire et financier.

La Commission de lutte contre les délits économiques et financiers (EFCC) du Nigeria et la France ont formalisé ce rapprochement lors d’une rencontre officielle qui s’est tenue le mardi 4 mars 2025 à Abuja.

Le lieutenant général Régis Colombet, directeur de la coopération de sécurité et de défense au ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères, a été reçu par Ola Olukoyede, président exécutif de l’EFCC, dans les locaux de la commission.

Cette visite n’est pas anodine. Elle fait suite à une réunion stratégique organisée en décembre 2024, destinée à renforcer les partenariats et à identifier les moyens de mettre en œuvre une coopération plus efficace entre le Nigeria et la France.

Il faut aussi savoir ce rapprochement entre le Nigeria et la France prend une résonnance particulière alors que la CEDEAO traverse une crise d’autorité sans précédent depuis le départ des pays de l’AES en janvier dernier. Et pour cause, il n’est plus à rappeler que la France demeure le premier antagoniste du trio sahélien.

Par ailleurs, le lieutenant général Colombet a souligné l’étendue de la collaboration française dans divers domaines de sécurité, mettant en avant la création de centres académiques et de formation spécialisés.

« Nous avons établi l’École de cybersécurité à Dakar, au Sénégal, où nous dispensons des formations sur les enquêtes cybernétiques, les menaces de rançongiciels et les investigations criminelles liées au suivi des actifs », a-t-il précisé.

Il a également mentionné une Académie à Abidjan, en Côte d’Ivoire, dédiée à la formation antiterroriste.

« Dans notre coopération, nous privilégions le développement de centres académiques et de pôles de formation, particulièrement dans des domaines tels que les enquêtes cybernétiques et les menaces sécuritaires », a ajouté Colombet, soulignant l’importance d’une coopération qui dépasse le cadre strictement militaire pour englober la cybersécurité, les affaires intérieures, la défense civile et des préoccupations sécuritaires plus larges.

Avant ce nouveau rapprochement et le retrait de l’AES de la CEDEAO, le Nigeria et la France déjà partenaires

Olukoyede a salué cette collaboration, rappelant la relation de longue date entre le Nigeria et la France dans la lutte contre la criminalité.

« Nous avons travaillé ensemble avec succès dans le domaine du traçage des actifs, et nous sommes déterminés à renforcer davantage cette relation », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une approche concertée face à des crimes qui ignorent les frontières.

Le président de l’EFCC a évoqué une récente avancée dans le démantèlement d’un syndicat criminel international opérant à travers l’Europe et l’Asie, qui projetait de s’implanter au Nigeria.

Certaines des victimes de ce réseau étaient des ressortissants français, ce qui souligne l’importance d’une collaboration soutenue pour prévenir l’enracinement de telles organisations criminelles.

« Si nous travaillons ensemble, nous pouvons réduire considérablement les chances pour ces criminels de trouver des refuges sûrs où que ce soit dans le monde », a affirmé Olukoyede.

« Notre responsabilité première est de veiller à ce que ces syndicats internationaux ne réussissent pas à perpétrer leurs crimes. Cela contribuera à maintenir la sécurité mondiale, à prévenir les troubles civils et à endiguer les infractions connexes telles que le trafic d’armes et le terrorisme, souvent liés aux crimes financiers. »

Ce partenariat renforcé prévoit un panel d’actions concrètes : suivi des actifs, enquêtes approfondies sur la cybercriminalité et formations en matière de sécurité.

L’objectif affiché est de prévenir les crimes transnationaux, notamment le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, des phénomènes qui transcendent les frontières et nécessitent une réponse coordonnée.

Olukoyede a également mis en lumière les différences méthodologiques entre les enquêtes au Nigeria et en Europe.

« Alors que les forces de l’ordre européennes peuvent accéder aux dossiers numériques en appuyant simplement sur un bouton, nos enquêtes nécessitent un travail de terrain approfondi », a-t-il expliqué.

« En combinant notre expertise pratique avec les outils technologiques avancés de la France, nous pouvons créer une stratégie de lutte contre la criminalité plus efficace. »

Alors que les pays de l’AES s’éloignent de l’influence occidentale et recherchent de nouveaux partenaires, notamment la Russie, le Nigeria, première puissance économique et démographique de la CEDEAO, semble faire le choix d’un ancrage occidental plus affirmé.

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