Après avoir laissé partir les pays de l’AES fin janvier 2025, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se profile comme un acteur incontournable de la révolution numérique.
Selon les projections de l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA), la région s’apprête à dominer la consommation de données mobiles à l’horizon 2030.
Les chiffres sont éloquents : d’ici huit ans, le trafic mensuel de données mobile en Afrique subsaharienne devrait presque quadrupler, passant à près de 6 gigaoctets par connexion.
La CEDEAO se distingue particulièrement, avec une perspective de consommation atteignant 10,1 Go par connexion, le taux le plus élevé du continent.
Cette dynamique s’appuie sur plusieurs leviers. L’extension des réseaux haut débit, la démocratisation des smartphones et l’appétence croissante pour les contenus numériques – jeux vidéo et streaming en tête – transforment progressivement le rapport des populations ouest-africaines au numérique.
Le taux d’adoption des smartphones dans la région devrait bondir de 54% en 2023 à 83% en 2030, témoignant d’une transformation technologique rapide.
Le Nigeria émerge comme l’épicentre de cette révolution numérique, avec une projection de 230 millions de connexions mobiles à l’horizon 2030.
Cette dynamique est d’autant plus importante que la contribution économique des télécommunications mobiles devrait atteindre 170 milliards de dollars en Afrique subsaharienne, contre 140 milliards en 2023.
Cependant, cette projection n’adviendra pas mécaniquement. Les gouvernements de la région devront déployer des stratégies incitatives.
La GSMA recommande notamment de lever certaines barrières fiscales : suppression des droits de douane sur les téléphones portables, réduction des taux de TVA, élimination des taxes forfaitaires qui alourdissent le coût des services mobiles.
L’enjeu dépasse la simple performance technologique. Il s’agit de transformer les services mobiles en véritable levier de développement économique, en facilitant l’accès aux technologies et en créant un écosystème numérique favorable à l’innovation.
La CEDEAO se positionne ainsi comme un laboratoire du numérique africain. Sa capacité à intégrer rapidement les mutations technologiques, conjuguée à une démographie jeune et dynamique, en fait un territoire stratégique pour les investisseurs internationaux du secteur des télécommunications.