Angleterre : peut-on vraiment travailler dans ce pays d’Europe sans papiers ?

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Crédits photo : Le Dauphinet Libéré / Photo Luc CHAILLOT

Peut-on vraiment travailler sans papiers en Angleterre ? C’est là la question que se posent de nombreuses personnes qui pensent malheureusement à l’immigration clandestine.

Mais la réponse est claire : travailler sans papiers en Angleterre est strictement interdit et très risqué. Contrairement aux idées reçues, le Royaume-Uni n’est pas un eldorado pour les migrants en situation irrégulière. Les sanctions sont sévères et les contrôles se durcissent depuis 2016.

Les migrants sans papiers qui travaillent illégalement au Royaume-Uni risquent jusqu’à 6 mois de prison. Cette sanction s’accompagne d’amendes et de la confiscation des gains obtenus. De plus, ces travailleurs deviennent vulnérables aux abus d’employeurs peu scrupuleux.

Le mythe du travail facile en Angleterre persiste pourtant. Des migrants à Calais et Grande-Synthe entendent régulièrement que « tu peux travailler même si tu n’as pas de papiers ». Cette information est fausse et dangereuse. Emily Kenway, de l’ONG Focus on Labour Exploitation, explique que cette illégalité rend les migrants vulnérables aux exploitations.

Les sans-papiers travaillent généralement pour des entreprises qui acceptent d’enfreindre la loi. Ces employeurs profitent de leur situation précaire pour les sous-payer, ignorer les règles de sécurité ou confisquer leurs passeports. Ian Kane, juriste de l’ONG Consonant, confirme que « ce n’est pas le monde merveilleux qu’on décrit aux migrants ».

Les stations de lavage de voiture illustrent parfaitement cette exploitation. Ces « Car Wash«  emploient souvent des étrangers sans papiers qui travaillent jusqu’à 12 heures par jour pour seulement 44 euros. Cette situation révèle l’ampleur des abus subis par les travailleurs clandestins.

La loi britannique sur l’immigration de 2016 a durci les sanctions. Elle a créé l’infraction de « travail illégal » et renforcé les contrôles. Les employeurs risquent désormais 5 ans de prison et des amendes importantes s’ils embauchent des sans-papiers. Cette mesure vise à dissuader les entreprises de recourir au travail clandestin.

Les demandeurs d’asile ne peuvent pas non plus travailler pendant l’examen de leur dossier. Cette procédure dure entre 3 mois et 5 ans selon les recours. Une dérogation est théoriquement possible après un an, mais seulement pour certains métiers rares comme chirurgien. En pratique, ces autorisations restent exceptionnelles.

Ian Kane conseille aux demandeurs d’asile d’éviter le travail au noir. En effet, se faire prendre ruinerait leurs chances d’obtenir l’asile. L’État considérerait qu’ils sont venus pour travailler et suspecterait un mensonge dans leur demande.

Les autorités britanniques encouragent activement la dénonciation des sans-papiers. Le guide officiel du ministère de l’Intérieur demande aux employeurs de signaler tous faux documents aux services d’immigration. Cette politique transforme les patrons en auxiliaires de police.

Les contrôles se sont intensifiés avec des opérations conjointes entre police, inspection du travail et services d’immigration. Un exemple frappant s’est produit en juillet 2016 chez Byron, une chaîne de restauration. L’entreprise a organisé une fausse réunion sur « la cuisson des hamburgers » pour piéger ses employés sans papiers. Cette opération a permis l’arrestation de 35 migrants, dont 20 ont été placés en rétention.

Les chiffres sur les sans-papiers britanniques varient énormément. La BBC estime leur nombre entre 300 000 et plus d’un million en 2018. Les autorités recensent 600 000 personnes sous le coup d’une expulsion sans trace de départ. Boris Johnson évoque 500 000 sans-papiers rien qu’à Londres.

Face à ces difficultés, certains migrants font marche arrière. L’Office central français pour la répression de l’immigration irrégulière constate des retours vers la France. En 2017, 966 personnes ont franchi la Manche en sens inverse, de l’Angleterre vers Calais.

Cette réalité contraste avec l’image d’eldorado véhiculée par certains passeurs. Les conditions de travail difficiles, les risques judiciaires et les problèmes de logement découragent de nombreux migrants. L’Angleterre n’offre finalement pas les opportunités promises aux personnes en situation irrégulière.

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