Alors que la dévaluation du naira pèse lourdement sur l’économie nigériane, Aliko Dangote et son groupe Dangote Cement en tirent paradoxalement profit, nous apprennent nos confrères de Jeune Afrique.
Sa capitalisation boursière a plus que doublé depuis la chute de la monnaie, atteignant 13 billions de nairas (10,4 milliards de dollars).
Porté par l’envolée de ses ventes hors du Nigeria, le cimentier panafricain voit s’ouvrir de nouvelles perspectives à l’export.
Fin janvier, face à un manque criard de devises étrangères, les autorités nigérianes ont laissé le naira plonger de 33%, le faisant chuter à un plus bas historique face au dollar.
La Chute du Naira, un coup de boost pour les affaires d’Aliko Dangote
Cette dépréciation rend les produits nigérians plus compétitifs à l’international, dont le ciment de Dangote. Résultat : le titre du géant panafricain s’est envolé en Bourse, gagnant plus de 100% en un mois.
Car dans le reste de l’Afrique, les bénéfices (Ebitda) du groupe ont déjà bondi de 255% sur les neuf premiers mois de 2023.
Alors qu’au Nigeria, la hausse atteint à peine 5,9% sur la même période. Dangote Cement vise d’ailleurs 61 millions de tonnes de production annuelle à l’horizon 2024, en augmentation de 17%, dont une large part destinée à l’export régional.
Exposé à la concurrence asiatique sur la façade Est du continent, le géant mise plutôt sur l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.
Le Cameroun et le Sénégal sont en tête des pays ciblés, mais les récents coups d’État dans la région contraignent le transport terrestre. Dangote Cement se tourne donc vers le fleuve Niger pour exporter son clinker vers la Côte d’Ivoire notamment.
Les perspectives apparaissent également prometteuses en RD Congo et en Angola, où la croissance démographique dopée par les secteurs pétrolier et minier tire la demande en ciment.
Au Zimbabwe, la découverte récente de gaz naturel devrait aussi doper les besoins en infrastructures. Dans tous ces pays, Dangote Cement dispose encore de capacités inemployées lui permettant d’accroître facilement ses volumes de production.
Certes, le Nigeria demeure son principal débouché actuellement. Mais la vigueur de la demande intérieure, tirée par les travaux publics, l’incite aussi à explorer de nouveaux horizons ouest-africains. Sa dévaluation aidant, le naira rend ses exportations encore plus intéressantes.
À terme, Aliko Dangote mise aussi sur la décarbonation pour rester compétitif, malgré la concurrence chinoise.
Son enracinement local et politique en Afrique subsaharienne constituera un atout pour relever ce défi environnemental. En attendant, la baisse du naira se révèle être une aubaine inattendue pour le plus grand producteur de ciment du continent.
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