L’empire industriel d’Aliko Dangote continue de s’étendre avec méthode et ambition sur le continent africain. Après avoir inauguré en grande pompe sa gigantesque raffinerie de pétrole au Nigeria, le milliardaire nigérian s’attaque désormais à un autre pan stratégique de l’économie africaine : l’agro-industrie.
Le Ghana devient son nouveau terrain d’expansion, avec un projet sucrier d’une ampleur inédite à Kwame-Danso, dans la région de Bono.
Le groupe Dangote Sugar Refinery (DSR), leader incontesté du marché nigérian avec 70 % de part de marché, a obtenu le feu vert des autorités ghanéennes pour construire une usine capable de broyer jusqu’à 12 000 tonnes de canne à sucre par jour.
Ce projet titanesque, implanté sur un domaine agricole de 25 000 hectares irrigués, prévoit la production de sucre raffiné, de mélasse et d’éthanol.
Il s’aligne parfaitement sur le programme industriel du Ghana, baptisé « One District, One Factory », qui vise à stimuler l’industrialisation des zones rurales.
Avec ce projet, Dangote ne se contente pas d’exporter un modèle économique : il adapte sa stratégie aux réalités locales. Les permis d’irrigation sont déjà obtenus, le foncier est sécurisé, et les premières productions sont attendues dès 2027.
L’ampleur de l’investissement n’a pas été dévoilée, mais les enjeux sont clairs : répondre à la forte demande intérieure du Ghana qui a importé pour 162 millions de dollars de sucre en 2024 tout en créant une filière locale pérenne.
Méga-raffinerie de sucre d’ALIKO Dangote : réduire la dépendance aux importations et créer des emplois
Cette implantation va bien au-delà d’un simple investissement industriel. Elle incarne une vision panafricaine chère à Aliko Dangote : produire sur le continent, pour le continent.
En développant une filière sucrière intégrée au Ghana, le groupe contribue à réduire la dépendance du pays vis-à-vis des importations et à renforcer sa souveraineté alimentaire. Mais surtout, il crée de la valeur localement : des milliers d’emplois directs et indirects devraient émerger, que ce soit dans la production, la logistique ou la distribution.
L’initiative s’inscrit également dans une dynamique d’intégration économique continentale, à l’heure où la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) prend progressivement forme.
Le choix du Ghana, économiquement ouvert, n’est pas anodin. Il permet d’envisager des synergies renforcées entre les marchés ghanéen et nigérian, historiquement liés, tout en favorisant l’émergence d’un marché régional interconnecté autour des produits agricoles transformés.
Avec cette nouvelle implantation, le groupe Dangote confirme son appétit pour l’expansion continentale. Après le Cameroun, l’Éthiopie et bientôt le Sénégal, le Ghana vient enrichir la carte des pays où le conglomérat nigérian déploie ses ambitions industrielles.
La stratégie est claire : capitaliser sur les complémentarités régionales pour bâtir une industrie africaine forte, compétitive et créatrice d’emplois.