L’Algérie s’apprête à devenir un acteur majeur dans le secteur de la pharmacie.
Concrètement, le laboratoire public Saidal, pilier de l’industrie pharmaceutique nationale, lancera prochainement la production de matières premières et de substances actives destinées à l’industrie pharmaceutique locale.
La nouvelle a été annoncée par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Wassim Kouidri, selon l’Agence de presse officielle APS le 10 mars 2025.
Cette initiative est hautement importante pour un pays qui dispose déjà de 213 usines pharmaceutiques couvrant 75% des besoins du marché local en médicaments essentiels, mais dont l’approvisionnement en matières premières et substances actives reste majoritairement tributaire de l’étranger. Un paradoxe coûteux qui alourdit considérablement la facture des importations algériennes.
« Le groupe Saidal dispose d’un projet ambitieux dans le domaine de la production des matières premières et des substances actives utilisées dans l’industrie pharmaceutique, qui couvrira le traitement de la quasi-totalité des maladies », a déclaré le ministre lors d’une visite au site d’une future usine dédiée à la production d’une matière première utilisée dans la fabrication du paracétamol, située dans la zone industrielle de Batna, au nord-est du pays.
Cette matière première « sera produite pour la première fois en Algérie en utilisant des technologies de pointe », a-t-il souligné.
Il précise par ailleurs que « de grands efforts étaient déployés dans ce domaine à travers le lancement de plusieurs projets au niveau des unités de production du groupe dans plusieurs wilayas pour booster la production nationale, conformément au programme du président de la République visant la sécurité sanitaire dans notre pays et la maîtrise des importations ».
Cette annonce s’inscrit dans la continuité d’une stratégie déjà amorcée par Saidal, qui avait révélé en février dernier son intention de construire une unité de production de matières premières pour les traitements anticancéreux.
Le premier laboratoire pharmaceutique producteur de médicaments génériques en Algérie, fort de ses huit usines de production, trois unités de commercialisation, un centre de recherche et développement et un centre de bioéquivalence, affirme ainsi sa volonté d’accroître son autonomie stratégique.
Fondé en 1982 et coté à la Bourse d’Alger, le groupe Saidal s’est imposé comme un acteur majeur du secteur, produisant de nombreux médicaments allant des antalgiques aux traitements du cancer, en passant par les anti-inflammatoires et l’insuline.
Son rayonnement dépasse les frontières algériennes, puisqu’il exporte ses produits vers plusieurs pays africains, notamment la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Sénégal, le Cameroun, le Mali, le Niger, le Tchad et la Mauritanie.
Cette stratégie d’intégration verticale s’est déjà traduite par des résultats tangibles sur le plan économique.
Les importations algériennes de produits pharmaceutiques ont été drastiquement réduites, passant d’environ 3 milliards de dollars en 2012 à 1,2 milliard en 2022, selon les dernières statistiques officielles disponibles. Une tendance que le gouvernement algérien entend poursuivre et amplifier.