La tension diplomatique entre la France et l’Algérie connaît une nouvelle escalade suite à l’expulsion de douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur.
Les autorités algériennes les ont en effet déclarés persona non grata le dimanche 13 avril 2025, leur accordant un délai de 48 heures pour quitter le territoire algérien. Cette décision intervient en réaction à l’arrestation et à la mise en détention en France d’un agent consulaire algérien.
Face à cette situation, Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a réagi mardi sur France 2 : « C’est une décision regrettable qui ne sera pas sans conséquences ».
Il a également averti que « si l’Algérie fait le choix de l’escalade, nous répondrons avec la plus grande fermeté », ajoutant que la France n’aurait « d’autre choix que de prendre des mesures similaires ».
De son côté, Alger a défendu sa décision qualifiée de « souveraine », imputant au ministre français de l’Intérieur Bruno Retailleau « la responsabilité entière » de ce regain de tensions.
En réponse, Jean-Noël Barrot a précisé que « Bruno Retailleau n’a rien à voir avec cette affaire judiciaire », soulignant l’indépendance de la justice française.
L’affaire judiciaire en question concerne trois hommes, dont un employé d’un consulat d’Algérie en France, mis en examen vendredi à Paris pour arrestation, enlèvement, séquestration ou détention arbitraire suivie de libération avant le 7e jour, en relation avec une entreprise terroriste, selon le parquet national antiterroriste français.
Ces poursuites sont liées au cas d’Amir Boukhors, un influenceur opposant au régime algérien connu sous le nom d’Amir DZ.
Malgré la rhétorique ferme, le chef de la diplomatie française a assuré vouloir maintenir le contact avec Alger et a appelé les autorités algériennes à revenir sur leur décision.
« Ma responsabilité, c’est de maintenir le contact », a-t-il déclaré. « Nous avons toujours dit que nous voulions revenir à des relations normales, que nous voulions sortir des tensions parce qu’elles ne sont ni dans l’intérêt de la France ni dans l’intérêt des Français. Mais c’est évidemment à l’Algérie aujourd’hui de prendre ses dispositions. »
Cet incident compromet aussi le dialogue récemment amorcé entre les deux pays après une crise diplomatique majeure. Fin mars, Emmanuel Macron et son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune avaient acté la fin d’une crise débutée huit mois plus tôt, lorsque le président français avait soutenu un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, territoire revendiqué par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger.
Jean-Noël Barrot, qui s’était rendu à Alger début avril, a insisté sur le fait que « les procédures judiciaires n’ont rien à voir avec la relation entre deux gouvernements ».
Il a également évoqué le cas de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, estimant qu’il ne devait « pas faire les frais de problèmes entre le gouvernement français et le gouvernement algérien », et appelant à « un geste d’humanité de la part des autorités algériennes » compte tenu de son état de santé.