Les risques de famine sont réels au Soudan, a prévenu vendredi l’ONU, qui craint que la crise humanitaire s’étende aux pays voisins si les combats se poursuivent.
De son côté l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a lancé un appel en faveur d’une intensification urgente de la réponse humanitaire, appelant l’ONU « à faire preuve de plus de volonté » pour contribuer activement à une augmentation rapide et massive de l’aide humanitaire.
« Le temps presse », a déclaré un porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS, émanation de l’ONU), Christian Lindmeier, lors d’un point de presse régulier des organisations humanitaires à Genève.
« Si les combats ne cessent pas et sans un accès sans entrave pour l’aide humanitaire, la crise au Soudan s’aggravera considérablement dans les mois à venir et pourrait avoir des répercussions sur l’ensemble de la région », a-t-il ajouté.
S’exprimant en visioconférence depuis le Kenya, le chef de la délégation de la Fédération de la Croix-Rouge (FICR), Farid Abdulkadir, a souligné qu’il s’agissait de « la plus grande crise » humanitaire actuelle.
« Si nous ne faisons rien maintenant, la crise au sein du pays s’amplifiera, davantage de personnes seront dans le besoin. Et je pense que les conséquences de cette crise franchiront très vite les frontières », a-t-il averti.
Les combats au Soudan, qui font rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir, ont fait des milliers de morts et plus de huit millions de déplacés, selon l’ONU.
« La possibilité d’une famine est tout à fait réelle » car « la production alimentaire au Soudan a été fortement réduite »et les revenus des ménages ont baissé, a relevé Thair Shraideh, du Programme de développement de l’ONU (PNUD), depuis Bruxelles.
Selon l’ONU, dans les prochains mois, près de 5 millions de personnes pourraient plonger dans une « insécurité alimentaire catastrophique », le niveau le plus élevé de l’échelle du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).
Alors que la France accueillera le 15 avril une conférence humanitaire visant à apporter une aide au Soudan, MSF appelle aussi à la levée des restrictions et blocages d’accès par les parties en conflit.
Mais l’ONG souligne aussi que bien que les conditions d’accès soient difficiles, la réponse humanitaire « aurait dû augmenter, et non diminuer, en particulier dans les zones où l’accès est possible ».
« L’ONU et ses partenaires continuent de s’imposer des restrictions d’accès à ces régions, et ne se sont pas préparés à intervenir ou à mobiliser des équipes sur le terrain », indique Ozan Agbas, responsable des opérations d’urgence de MSF pour le Soudan, dans un communiqué.
Avec AFP
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