La compagnie aérienne Air France perd des milliards de FCFA à cause d’une décision prise par la République du Mali.
Depuis avril 2025, Air France a modifié ses trajectoires de vol pour l’Afrique subsaharienne, contournant systématiquement l’Algérie.
Ce changement, dicté par des raisons diplomatiques et géopolitiques complexes, a des répercussions importantes pour le transport aérien entre la France et plusieurs destinations africaines.
Le point de départ de cette décision remonte à un différend entre le Mali et l’Algérie, selon Jeune Afrique, notamment depuis que l’ANP a détruit un drone malien qui a violé l’espace aérien national. En effet, depuis avril 2025, un avis de navigabilité (Notam) du gouvernement malien interdit à tout avion ayant traversé l’espace aérien de son voisin du nord de survoler le territoire malien.
Cette mesure a contraint Air France et d’autres compagnies aériennes françaises à réorienter leurs trajectoires pour desservir des villes comme Abidjan, Lagos ou Conakry.
Par exemple, le vol Air France AF706 reliant Paris à Abidjan a été redirigé via le Maroc pour éviter l’Algérie.
Cette interdiction fait suite à des tensions diplomatiques de longue date entre l’Algérie et certains pays, dont le Mali, exacerbées par des événements comme l’interdiction par l’Algérie de l’espace aérien aux avions militaires français dans le cadre de l’opération Barkhane en 2021. Bien que cette mesure ne concerne pas directement les vols commerciaux, elle a contribué à une ambiance de méfiance qui pèse sur le secteur aérien.
Conséquences sur les vols et l’économie
Ce contournement de l’Algérie par les avions d’Air France entraîne des modifications pratiques pour les compagnies aériennes. En passant par le Maroc ou la Mauritanie, les temps de vol sont allongés de 20 à 30 minutes en moyenne. Cette prolongation des trajets a pour conséquence une consommation de carburant accrue et, par conséquent, des coûts supplémentaires pour les transporteurs. Ces frais risquent de se répercuter sur les tarifs des billets, impactant ainsi les passagers.
L’Algérie, qui perçoit des taxes de survol de chaque avion passant dans son espace aérien, subit également une perte économique conséquente. La baisse des revenus générés par ces taxes représente une atteinte à son secteur aérien, alors qu’Air Algérie cherche à renforcer sa présence sur le marché international.
Implications diplomatiques et économiques en Algérie et ailleurs
Ce changement dans les trajectoires des vols ne manque pas d’affecter les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie. L’évitement de l’espace aérien national par Air France pourrait être interprété comme une mesure de soutien implicite au Maroc, ce qui risquerait d’aggraver les tensions déjà existantes entre les deux pays. Ce climat tendu pourrait inciter l’Algérie à réagir en modifiant ses relations économiques avec la France.
En revanche, le Maroc pourrait bénéficier indirectement de cette situation. Son espace aérien, désormais privilégié, devient un atout pour attirer davantage de compagnies aériennes internationales, tout en renforçant sa position dans les dynamiques régionales.
Le futur de cette situation reste incertain. Si une résolution du différend entre le Mali et l’Algérie pourrait permettre un retour à des trajets aériens plus directs, les évolutions géopolitiques et la concurrence croissante dans la région continueront d’influencer les choix des compagnies aériennes.
Quoi qu’il en soit, Air France travaille déjà en interne pour combler les milliards de FCFA de pertes enregistrés à cause de cette décision du Mali.