Chassée des pays du Sahel, Air France a trouvé le moyen d’oublier cet épisode et amorce le chantier de rénovation de sa prestigieuse classe avant.
La nouvelle cabine, dévoilée se veut l’une des plus spacieuses du marché, avec ses 3,5 m2 par passager, soit 25 % de plus que l’actuelle Première, et ses 3 mètres de long, qui totalisent cinq hublots au lieu de quatre sur la précédente version, lancée il y a dix ans.
De quoi permettre de caser sans difficulté, un fauteuil et une méridienne transformable en un lit de 2 mètres, ainsi que deux écrans et une penderie personnelle.
Le tout, protégé des regards indiscrets par un rideau, la protection de l’intimité des clients étant l’autre argument de toute bonne première classe, plus que le luxe ou les menus signés par de grands chefs.
« Nos clients « La Première », qui ont l’habitude de voyager en jet privé, veulent pouvoir voyager incognito, non pas seulement dans l’avion, mais aussi à l’aéroport », explique la directrice générale d’Air France, Anne Rigail. Pour garantir leur tranquillité, Air France a donc encore étoffé son offre de services au sol.
Aux salons réservés et au transfert jusqu’à l’avion en limousine (des Porsche hybrides, précise-t-on), sont venus s’ajouter des contrôles de sécurité, de douane et même de police dédiés à Roissy-CDG.
Première classe à bord d’un avion Air France
Au total, trois ans de travail auront été nécessaires pour accoucher de cette nouvelle Première. Le chantier, retardé par des problèmes de livraisons et de certification des nouveaux équipements, est d’ailleurs loin d’être achevé.
Initialement prévu pour fin 2024, le premier appareil équipé de la nouvelle cabine ne sera pas prêt « avant quelques semaines », indique la directrice d’Air France. Deux ans supplémentaires seront nécessaires pour réaménager les 19 Boeing 777-300 dotés d’une Première.
Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Ces gros efforts se concentrent sur seulement 50.000 passagers par an, sur les 41,74 millions transportés par Air France en 2024.
Avec seulement quatre « suites » individuelles par avion et pas plus de 19 appareils équipés sur les 118 gros-porteurs avions long-courriers d’Air France, « La Première » reste un marché de niche, pas toujours rentable.
Même à raison de 10.000 euros en moyenne par trajet, elle représente moins de 2 % des recettes long-courriers d’Air France, contre 70 % pour la classe éco, et près d’un tiers pour la classe affaires.
La plupart des compagnies internationales y ont d’ailleurs renoncé. En Europe, seules Air France, British Airways, Lufthansa et sa filiale Swiss, ont conservé des premières classes.
Mais outre la concurrence traditionnelle des compagnies asiatiques, elles doivent désormais partager le marché avec les compagnies du Golfe, Emirates, Etihad et Qatar Airways, ainsi qu’avec Turkish Airlines.
Quant aux grandes compagnies américaines, leurs premières classes se limitent aux vols domestiques.
Air France a failli renoncer
Air France elle-même a bien failli y renoncer. « Quand je suis arrivé en 2018, La Première n’était pas rentable et on envisageait de la supprimer », reconnaît Benjamin Smith.
L’une de ses premières mesures, la décision de sortir tous les Airbus A380, se traduit d’ailleurs par une réduction de moitié de l’offre « première » d’Air France.
Mais le directeur général de la compagnie, qui a fondé une partie de sa stratégie sur la remontée en gamme de la compagnie tricolore, n’a pas voulu se priver de cette vitrine commerciale exceptionnelle qu’est « La Première ».