Air France pourrait face à un nouveau concurrent en provenance du Cameroun. Le ministre des Finances camerounais Louis Paul Motaze a en effet dévoilé le 18 novembre 2025 devant les députés un projet de partenariat aérien qui pourrait bouleverser la liaison Douala-Paris. Le gouvernement envisage une coentreprise entre la compagnie nationale Camair Co et la française Corsair.
Cette annonce intervient après le rachat par l’État camerounais des 30 % d’actions de la Société de développement du coton (Sodecoton) détenues par le groupe français Geocoton. L’opération, validée en juillet dernier, s’élève à 46 milliards de FCFA. Le Cameroun possède désormais 89 % du capital de l’entreprise cotonnière.
Geocoton aurait cédé ces parts pour financer l’acquisition d’actions dans Corsair. Ce mouvement capitalistique ouvre la voie à une alliance stratégique dans le transport aérien.
« Geocoton pouvait maintenant faire en sorte que Camair Co ait des vols, par exemple sur Paris, sans que Camair Co ait besoin d’investir dans l’achat ou la location d’avions », a expliqué Louis Paul Motaze devant l’Assemblée nationale.
Le schéma envisagé prévoit que Corsair assure les vols Douala-Yaoundé-Paris sous le label Camair Co. La compagnie camerounaise se concentrerait sur les aspects commerciaux : réservations, distribution, communication. Elle s’appuierait sur les avions et l’expertise opérationnelle de Corsair sans supporter le coût d’acquisition de nouveaux appareils.
Des responsables de Corsair figuraient dans la délégation de l’aviation civile française reçue à Yaoundé en mai 2025, selon Investir au Cameroun. Cette visite attestait déjà de l’intérêt de la compagnie pour la route camerounaise. Bref, les discussions avancent depuis plusieurs mois.
Cette alliance pourrait remettre en cause la position dominante d’Air France sur cette liaison très fréquentée. La compagnie française assure historiquement la majorité des vols directs entre Paris et les deux principales villes camerounaises. L’arrivée d’un concurrent opérant sous pavillon national camerounais modifierait les équilibres du marché.
Camair Co traverse depuis sa création en 2011 des difficultés opérationnelles et financières récurrentes. La compagnie avait suspendu ses vols vers l’Europe en 2016 après avoir frôlé la banqueroute. Elle n’exploite aujourd’hui que des liaisons domestiques et quelques routes régionales avec une flotte de cinq à six appareils.
Ce partenariat permettrait à Camair Co de retrouver une présence internationale sans les investissements que nécessiterait l’ouverture autonome d’une ligne intercontinentale, enfin, selon les autorités. Les billets d’avion entre Douala-Yaoundé et Paris coûtent actuellement environ 1 400 euros en classe économique, soit le double des tarifs vers Abidjan ou Dakar.