Afrique : l’uranium reprend un nouveau souffle dans ce pays

uranium

Credit Photo : Connaissance des Énergies

La mine d’uranium de Kayelekera au Malawi vient de franchir un seuil symbolique. Lotus Resources, société australienne cotée à la Bourse de Sydney, a procédé à la première explosion dans la fosse à ciel ouvert du site. Une opération qui marque la relance effective de l’extraction après onze années d’interruption. Le minerai extrait sera acheminé vers la plateforme de stockage dans les prochaines semaines. La production devrait atteindre deux cent mille livres de trioxyde d’uranium par mois dès le premier trimestre 2026.

Kayelekera avait cessé ses activités en février 2014. Les prix de l’uranium étaient tombés sous la barre des quarante dollars la livre, rendant l’exploitation déficitaire. Paladin Energy, propriétaire de l’époque, avait placé la mine en mode maintenance. Entre 2009 et 2014, le site avait produit environ onze millions de livres de trioxyde d’uranium, soit une moyenne annuelle de deux virgule deux millions de livres. Une période faste.

Lotus Resources a racheté la mine en mars 2020 à Paladin. La société a investi cinquante millions de dollars pour redémarrer les opérations. Le président malawite Lazarus Chakwera a assisté à l’inauguration officielle le quatorze août 2025. Greg Bittar, directeur général de Lotus, a déclaré : « Nous sommes positionnés pour rejoindre les rangs des producteurs mondiaux d’uranium avec le premier yellowcake de Kayelekera. » Le gouvernement du Malawi détient quinze pour cent du projet. Lotus possède les quatre-vingt-cinq pour cent restants.

La mine utilise actuellement trois cent mille tonnes de minerai stockées en avance, dans l’attente du démarrage formel des opérations minières. Une fois pleinement opérationnel, Kayelekera produira environ deux virgule quatre millions de livres d’uranium par an sur une durée de vie de dix ans. La production totale prévue s’élève à dix-neuf virgule trois millions de livres sur la période. Bref, un potentiel considérable pour un pays où l’uranium représente une source de revenus stratégique.

Lotus a déjà sécurisé une partie de sa production future grâce à quatre contrats de vente contraignants. Ces accords portent sur trois virgule huit millions de livres d’uranium, avec un engagement minimum de trois virgule cinq millions de livres à partir de 2026. Parmi les clients figurent trois grandes compagnies d’électricité nord-américaines, dont PSEG Nuclear. Les premières livraisons d’uranium du site sont attendues d’ici la fin 2025. Les échantillons sont actuellement envoyés aux convertisseurs d’uranium pour qualification.

Le contexte mondial favorise cette reprise. La demande d’uranium augmente avec le regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire civile. Selon l’Association nucléaire mondiale, la demande mondiale d’uranium progressera de vingt-huit pour cent d’ici 2030 et doublera presque d’ici 2040. Les prix ont franchi le seuil symbolique de cent dollars la livre sur le marché au comptant début 2024, un niveau inédit depuis seize ans. En avril 2025, l’uranium se négociait autour de soixante-quatre dollars la livre, bien au-dessus du prix de production estimé de trente-huit dollars après redémarrage.

Le Malawi bénéficiera de la relance par le biais de dividendes liés à sa participation de quinze pour cent. L’État percevra également une redevance de cinq pour cent ainsi que l’impôt sur les sociétés fixé à trente pour cent. Un accord de développement minier signé en juillet 2024 garantit une période de stabilité fiscale de dix ans. Enfin, Lotus doit former une main-d’œuvre locale. Lors de sa phase opérationnelle précédente, Kayelekera employait plus de trois cent cinquante travailleurs locaux et contribuait significativement aux recettes d’exportation du pays.

La mine se situe dans le district de Karonga, au nord du Malawi, à environ six cents kilomètres par route de la capitale Lilongwe. Lotus prévoit de connecter le site au réseau électrique national d’ici fin 2026 grâce à une nouvelle ligne de transmission de soixante-six kilovolts. Jusqu’alors, la mine fonctionnera avec une centrale diesel. ECG Engineering a été désigné pour gérer les infrastructures d’alimentation électrique dans le cadre du projet Powerline, financé exclusivement par Lotus pour un montant de vingt virgule six millions de dollars.

Le Malawi détient des ressources identifiées récupérables d’environ dix-huit mille six cent quarante tonnes d’uranium selon l’édition 2024 du Red Book. Ces ressources se répartissent entre trois projets : Kayelekera avec quatorze mille quatre cent douze tonnes, le gisement de Livingstonia avec mille quatre cent quatre-vingt-dix-huit tonnes, et le gisement de niobium-tantale de Kanyika avec deux mille sept cent trente tonnes. Le continent africain abrite environ vingt pour cent des réserves mondiales d’uranium, principalement concentrées en Afrique du Sud, au Niger, en Namibie, au Malawi, au Gabon et en République démocratique du Congo. L’Afrique redevient un acteur clé du marché mondial de l’uranium à l’heure où les pays recherchent des solutions énergétiques à faible empreinte carbone.

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